Treizième Mouvement.

 

Être le nouveau-né.

 

 

Le moine qui avait retrouvé Heidi tenta de dire aux autres ce qu’il avait ressenti de cette rencontre car pour lui, elle fut extraordinaire dans son effet à toucher toute sa manière de voir la vie ordinaire et chaque chose du quotidien.

Cela lui enlevait aussi l’envie de rester au monastère qu’il trouvait fade et sans la saveur d’une vie intense.

Il sentait l’air frais de la montagne et de la vallée remplir ses os et ses os devenaient des ailes pour le porter au-delà des nuages du doute et de la lourdeur.

Mais ils l’écoutaient avec l’oreille ouverte sur autre chose: la succession du Maître occupait tous les esprits.

 

Heidi était loin d’eux maintenant. Elle parlait au cœur. Maintenant c’est l’esprit qui parle et cogite! Sa bruyance couvre la petite voix du cœur et ils ont oublié ce qui a bougé en leur corps lorsqu’elle posait son attention sur eux.

 

Telle est la vie! Qui occupe l’espace ?

Et c’est l’espace qui dirige toujours tout.

 

Maintenant l’espace de leur préoccupation est le devenir de la Famille. À côté, la jeune femme est pour eux un enfant joueur avec le destin des hommes, comme sont les enfants qui se croiraient des adultes.

Voilà ce qu’ils pensaient d’elle, maintenant que leur esprit courait le futur comme le présent à venir.

 

Maintenant ils étaient comme des épiciers qui calculent le prix d’achat et le prix de vente pour estimer les bénéfices. Ils cherchaient le bénéfice le plus succulent pour eux. Ils cherchaient leur futur maître!

 

Même s’ils disaient dans leurs mots que le choix du vieux Maître sera le bon et s’y soumettront, ils cherchent par eux-mêmes et ils ouvrent ainsi la porte à toutes les suggestions les plus perverses pour leur âme qui n’aura pas alors le support pour rejoindre la nature de Bouddha car le chemin ne sera pas connu de celui qui se dira « devant ».

Ils sont comme des enfants qui se croient des adultes à chercher un chemin qu’ils ne connaissent pas. Alors ils choisiront toujours en fonction de leur mémoire et leur mémoire imparfaite les conduira au grand précipice qui avale tout.

 

La Force de Heidi est sur le moine et le protège. Il le sait!

De retour au monastère, il est dans un curieux état, un état d’une double vue. Il est là, et il n’est pas là en même temps. Il perçoit l’espace, il sent les mouvements, il entend les mots et les phrases, il les comprend... mais en même temps, il est en dehors de l’espace qui n’a pas de prise sur lui!

Il est dedans et il est dehors en même temps!

 

Il sait que c’est le Force de la jeune femme qu’il a retouché qui le protège ainsi.

Aussi, il peut suivre le dérèglement de ceux qui sont avec lui et qui remuent leur esprit et provoquent un bruit effrayant qui gêne les montagnes et même le Bouddha de bois dans le temple. Lorsqu’il va s’asseoir entre les cuisses de la statue, il la sent ralentie, comme morte.

Alors il comprend l’importance de l’action de l’homme dans l’Univers. Il comprend que l’homme a le pouvoir de modifier la vibration de l’espace et d’imposer son vouloir.

Et ce « vouloir » là, il n’en veut pas!

Tout son corps refuse le poison qui circule dans le monastère.

Il lui semble que chacun est devenu fou à courir après un rêve et des promesses de futur qui seraient leur présent de demain.

Ils sont dans le temps qui court après le temps!

 

Le moine comprend intimement les enseignements du jeune Blanc soutenus par Heidi. Il comprend maintenant ce qu’il disait sur « l’instant qui comprend ».

Il veut garder cette possibilité en lui de saisir « cet instant » qui comprend. Alors il doit quitter le monastère qui rayonne maintenant une force qui détruit cette possibilité de perception dans le corps.

Aussi, il va vers le Maître et demande une audience d’une voix forte lorsqu’il arrive devant les marches du pavillon, comme il se doit dans la Tradition. Il a traversé le jardinet avec des pas lents, cherchant l’empreinte de la force de la Terre pour le soutenir. Mais il ne l’a pas trouvée et c’est inquiet qu’il s’annonce ainsi.

Il entendit le Maître lui lancer de venir vers lui.

Il a monté les marches. Le vent rugissait et soulevait sa robe.

Il retint la porte sous la violence du souffle des montagnes.

 

Devant le Maître, il s’est agenouillé. Il a voulu expliquer.

Alors le Roshi a dit: « Je sais ».

 

Ils sont restés à se regarder dans les yeux. Ceux du Maître lui souriaient. Ceux du moine perdaient leur tension.

Puis le Maître ajouta: « Tu fais bien ».

 

Alors le vieillard tendit la main et toucha le front du moine vigoureux devant lui. Il le lava du monastère. Il le rendit libre du lieu et de son souvenir; il le rendit libre de « lui », le Maître.

Puis il dit: « Ne cherche jamais la solution dans le souvenir ».

Le moine inclina la tête pour permettre à la main du Maître de glisser sur son cou et de le laver là aussi, car souvent c’était dur et il avait du mal à bouger la nuque.

 

Le Roshi ajouta: « La solution est contenue dans la question... Regarde la question!... seulement « elle »... et alors tu seras dans « l’instant qui comprend ».

 

Puis il revint en lui et le moine comprit que son temps avait pris sa fin.

 

Lorsqu’il passa le portail de la palissade, il sut pourquoi Heidi ne s’était pas retournée: ils furent oubliés dans l’instant!

Seul n’existait alors que l’air vif de la sente rocailleuse devant.

Il aurait aimé mourir à l’instant et il sut que la vraie mort est cela... seulement cela!

Alors il avança avec la mort comme compagne et le léger était dans toutes les cellules de son corps qui exultait de joie.

 

Le Roshi perçut les lourds montants de bois se refermer sur le dos du moine. Le bois n’était pas content de perdre une source de nourriture!... Les trois moines qui poussaient les portes témoignaient aussi de leur reproche. Le départ de celui-là, qui parlait si haut des bienfaits de Heidi depuis son retour, était une injure à leur maintien en ce lieu... Ils le ressentaient ainsi: une injure!... Eux qui restaient dans le respect de la Tradition afin de veiller sur Elle et lui donner vie à chacune de leur respiration!

 

Ce moine était un déserteur!

Ils le lui dirent dans leurs yeux lorsqu’il passa entre les lourdes portes qu’ils ont à peine entrouvertes pour lui. Il ne méritait pas plus!

 

Le vieillard vit la scène derrière ses paupières fermées et il sourit.

« L’homme n’est pas prêt de changer!... Toujours à défendre sa boîte de référence! ».

Puis il entendit en son cœur la vibration des pas du moine qui grimpait la sente menant aux crêtes. Le roc saillant lui renvoyait la joie d’être libre.

Le Yam exultait!

 

« Va, mon ami!... Respire le secret de la Liberté... Tu as compris dans ton corps que l’attention à la mort réveille la Force de la Lucidité qui est le bienfait que le Yam donne au Bam... La Terre ne sera plus jamais lourde pour toi! ».

 

Le temps laissa sa marque et le noir venait.

Dans le secret du silence de son cœur, le vieillard soupira:

« Moi aussi je voudrais reprendre ce chemin de Liberté!... Mais je suis vieux!... Et j’ai ce monastère accroché aux pieds comme un piquet qui va au plus profond de la Terre qui se nourrit de lui... Alors porte-moi sur ton dos!... Fais-moi encore toucher l’air qui lave tout en un instant! ».

 

Il caressa de ses doigts parcheminés la couverture d’or du Livre du « Voyage dans la Mort ».

Il sentit en elle la même vibration que les pas du moine.

Alors il reprit son signet et il continua la lecture pour accompagner le moine dans sa marche de sa vie nouvelle qui ne s’ouvre que lorsque la mort devient sa compagne et qu’on l’aime. 

 

Le Voyage dans la Mort.

 

La nuit continue son sombre dans le Temple et tout le monastère dort.

 

    - Et pour le Père ? je demande à Padma.

    - Ah!... Pour His Holiness ?

    - Oui... J’ai quelques préoccupations au sujet de sa santé, dis-je.

    - Tu peux préciser ?

 

Le temps m’accompagne pendant les ronflements de vieux moines qui dorment la fenêtre ouverte.

Je laisse l’Intelligence en moi dire les mots qui conviennent.

 

Padma me laisse mon temps. Il connaît cette montée de la Force dans le Bam jusqu’à l’instant où tout est là; alors les mots sont aussi là et il suffit d’entrouvrir les lèvres.

    - Tu lui as mis un turbo à ses possibilités de voir et comprendre, mais je crains un peu pour son corps qui halète dans l’effort, je dis.

 

Il laisse aussi le temps prendre possession de son mouvement et il dit doucement en se massant la barbichette.

    - Il y a ce que je lui ai fait voir... Et il y a ce qu’il dit qu’il a vu.

 

Tiens donc!... Voilà des mots qui ne sont pas en l’air; des mots d’un Yam qui parle et qui agit.

    - Tu peux préciser ? je demande, les yeux mi-clos.

 

Il laisse le souffle prendre son ventre. Puis il dit:

    - J’étais préparé aux résistances à l’Intelligence du Yam, mais je dois te dire que je suis tout de même surpris, dit-il lentement.

 

Il a la peine qui sort de sa gorge.

    - Ce qu’ils ont fait de mes Enseignements et Pratiques me laisse sans voix pour exprimer mon désarroi, ajoute-t-il dans la tristesse de son cœur.

    - Tant que cela ? je demande.

 

Il a besoin du temps chronologique.

 

   - Je voyais bien de mon perchoir, comme tu l’appelles, tous les errements de leurs pratiques... Mais je ne percevais pas comment ces errements ont modifié le corps et l’esprit.

    - Parce que tu n’avais plus de corps, dis-je.

   - Oui... Je ne sentais pas quelle résistance s’organisait dans le corps et l’esprit à travers toutes les pratiques du Bam qu’ils ont mises en place.

    - Tu es choqué ?

    - Oui, je suis choqué, avoue-t-il... et j’ai la tristesse du Yam qui se développe en moi.

 

Je le laisse dans son temps.

 

    - Je savais bien, lorsque j’ai perdu le match avec les « dialectiques », ces moines qui ne cherchaient plus la Force de l’Intelligence première, mais seulement des moyens d’action afin d’organiser leur monde, que le Yam allait beaucoup souffrir s’il restait connecté au corps du Bam.

    - C’est pour cela que tu n’as rien laissé derrière toi ?

    - Oui... Je savais la souffrance qui allait m’advenir si je restais et leur donnais une part de moi... Alors j’ai tout repris.

    - Tu as ainsi gardé et maintenu un Yam pur, n’est-ce-pas ?

    - Oui... C’est ainsi que je l’ai décidé, dit-il.

 

Je le laisse à sa mémoire qui revient.

Puis je dis, pour le soulager un peu:

    - Et maintenant que tu reviens dans « le bain » du Bam, sa pollution entre dans le Yam et tu souffres, n’est-ce-pas ?

    - Oui... J’ai la tristesse du Yam en moi... Cette tristesse que je n’ai pas connue pendant plus de mille ans!

    - Oui, tu étais « out »... Maintenant tu es « in », dis-je... Alors le transfert d’énergie se fait entre les deux espaces.

 

Il tire ses poils du menton.

    - Tu peux m’expliquer le mécanisme énergétique ?... Je sens cette tristesse en moi et ne peut pas la contrôler... Mais je ne comprends pas comment cela peut se faire.

    - C’est à travers la troisième loi en énergie fondamentale, je dis.

    - Tu peux m’expliquer ?

 

Je cherche les mots qui peuvent être saisis par un Yam sans le corps de Bam.

Les sons viennent et je les laisse partir par mes lèvres.

    - Le transfert d’énergie se fait à travers l’intérêt et la préoccupation que l’on a pour quelqu’un... un espace pouvant être « quelqu’un »... ou, on peut dire aussi, ce qui serait plus juste que « quelqu’un » est « un espace ».

 

Il prend le temps de lisser sa barbichette.

    - Tu veux dire que mon intérêt nouveau de revenir en action sur l’homme, provoque sa pénétration en moi ?

     - Exact.

 

La barbichette va reluire à force d’être lissée.

    - Tu le dis avec tes mots et tes explications... Mais je le savais il y a plus de mille ans… Alors j’ai décidé de ne plus rien communiquer de moi... Mais depuis mille ans je me demande si j’ai bien fait car je les voyais tant s’agiter... J’avais l’impression qu’ils cherchaient vraiment.

     - Et maintenant, tu n’en es plus certain ?

    - Oui... Tu sais, ce vieux Holiness de ma filiation directe, les Nyingma... il a œuvré une grande part de sa vie pour tenter de remettre de l’ordre dans ses monastères et ramener ses moines à des attitudes et pratiques cohérentes selon ce que j’avais enseigné sur la Terre du Tibet.

    - Oui ?

   - Alors, il était évident pour moi, du haut de mon perchoir comme tu dis, qu’il était ouvert à la Force qui ouvre « tout » et permet de libérer tout.

     - Tu as oublié sans un corps de Bam comment l’Homme aime sa sécurité, dis-je.

   - Oui, c’est cela... Le Monde qu’il s’est construit dans son corps et son esprit est énorme... et ce monde-là résiste dans tous les réflexes... Il a un regard déformé sur tout!... Aussi, tout ce que j’ai montré à ce vieux, fut immédiatement récupéré par ces réflexes... Il n’a pas laissé la fluidité au mouvement des nouvelles découvertes.

 

Je laisse le temps.

 

    - Tu ne t’étais pas rendu compte comment les pratiques et les philosophies qui ont été établies après toi ont pu bloquer les possibilités de « voir au-dessus », n’est-ce-pas ?

    - Oui... C’est cela... Je suis effaré de constater comme ce vieillard, qui dit m’aimer, est en réflexe de défense à chaque fois que je lui ouvre un nouvel espace de compréhension.

 

Je lui laisse le temps et je dis:

    - Ils se sont construit une jolie vallée de contentement et de sensations.

    - Oui... Je n’aurais pas dit cela ainsi, mais c’est ainsi.

    - Et les sortir de ces contentements et sensations programmés, c’est plutôt duraille, je fais en souriant.

    - Je sens que tu connais bien le problème, susurre-t-il un peu dans la lune.

    - Les résistances à la délivrance sont énormes, dis-je.

 

Il prend son temps et il demande:

    - Mais en fait, quelle délivrance ils veulent ?

 

Pas con, le Padma!

    - Tu poses là une jolie question sur laquelle je bute depuis bien longtemps, je reconnais.

    - Tu t’es cassé les dents dessus ?

    - Tu parles!... J’ai même dû me faire fabriquer un dentier en acier blindé, je rigole.

 

Il laisse le temps prendre le temps et il dit:

    - Ton rire sonne faux... Ce fut si dur ?

 

Le temps est maintenant pour moi.

    - Dur ?... Disons que la désillusion avance pas à pas... jusqu’à une limite douloureuse car l’enthousiasme est détruit.

    - Seulement l’enthousiasme ?

 

Vraiment pas con, le Padma!

    - Non, c’est la Confiance qui est détruite, je fais.

    - Et après tout s’en va au vent, n’est-ce-pas ?

 

Le temps est de nouveau dans mon camp.

    - Je ne le dirais pas ainsi, fais-je... Je dirais que je redeviens le « Vent » et ne m’occupe plus de l’eau qui coule sur la terre des Hommes.

    - Alors tu t’en vas ?

    - Oui, je m’en vais, dis-je.

 

Le temps est pour lui maintenant...

    - Sacré salaud, il fait... Et tu cherches à m’attirer dans cette bassine à merde que toi, tu veux quitter!

 

Je le regarde un peu triste. Du haut de son perchoir, il lui a échappé beaucoup de données sur l’évolution de l’homme et son devenir.

    - Tu te trompes, je fais.

    - Tiens, et pourquoi ?

    - Je t’aide, au contraire.

    - Tiens donc ?

 

Je hausse les épaules et je dis:

    - Si tu veux rester sur ton perchoir, restes-y!

    - Et si j’y reste ?

    - Tu connais la réponse, je fais.

 

Là, il est emmerdé, le Padma.

Il sait bien que dans l’espace Yam, on ne peut pas procéder à une modification de sa vibration énergétique; il faut de la matière pour cette opération, et la matière est Bam.

C’est d’ailleurs la Force de Bam qui connaît bien cette obligation. Ainsi elle peut toujours attirer de nouveau Yam en recherche d’évolution.

Et lorsque le Yam reprend un corps Bam, il est manipulable et exploitable.

 

    - Alors on fait équipe ensemble ? demande-t-il.

 

Je hausse les épaules.

    - Tu sais, moi je m’en fous... je fais.

    - Pourquoi ?

    - Je ne me suis pas laissé bloquer dans le Yam... J’avais compris son piège avant.

    - Tu peux m’en dire plus ?

    - J’ai compris que la jouissance est le lien entre le Bam et le Yam et le Principe majeur de cet Univers... Sous mes airs cons du mec concerné par rien, j’ai toujours eu un turbo au cul et je n’ai pas perdu mon temps à me faire adorer, je fais.

    - Compris!... Et moi, j’ai cherché à construire et je suis resté dans ce souci.

    - Non, plus que cela... Tu es resté dans la défense de ta création.

    - Alors que toi tu n’as pas cherché à construire, n’est-ce-pas ?

    - Surtout pas!

 

Il se masse encore le menton en étirant la moustache entre ses doigts.

    - Donc dès le départ, tu savais que les dés étaient pipés, n’est-ce-pas ? Il demande.

    - Oui... J’ai cherché à me faire exit dès les premières respirations.

    - Ça n’a pas marché ?

   - Presque!... Une superbe maladie dans les bronches... Mais un crétin de Grand-Père, qui avait perdu son seul fils en bas âge, s’est fait le défi de me sauver.

    - Ça a marché, je constate.

    - Oui.

    - Pourquoi ?

   - Parce que le gus, il m’aimait... Il avait un œil bienveillant sur moi... J’en ai été touché... Alors la troisième loi en énergie a fonctionné à plein et je n’ai pas pu faire exit.

 

Il reprend le temps pour lui.

    - Tu veux dire que, à travers cette troisième loi, on devient plus faible ?

    - C’est cela... Exactement cela!

 

Il lisse les poils qui n’en peuvent plus de pousser si long.

  - C’est bien ce que j’avais perçu, dit-il... On s’affaiblit et ensuite on n’est plus opérationnel pour un combat essentiel.

   - C’est cela... On est prêt pour un combat moyen, mais pas assez puissant pour un combat essentiel, comme tu le dis si bien, je fais.

    - C’est cela que j’avais perçu avant mon départ, il dit, dubitatif avec les poils entre les dents.

 

Je reprends le temps pour moi.

    - Tu peux m’expliquer ? je demande.

 

Il reprend le temps pour lui.

    - Que serait-il arrivé de moi si j’étais resté après l’échec du combat dialectique devant le Roi du Tibet ?

   - Tu aurais dû t’occuper des mecs de ta lignée qui commençaient à déconner car l’attirance à la facilité est trop forte, je fais.

    - Oui, c’est cela, dit-il étonné... Tu sembles bien connaître le sujet ?

    - Plus que tu ne le crois... Je peux te surprendre!

   - Hon hon, il fait... Nous verrons cela plus tard... Alors tu connais la réponse à ma question ?

    - Oui, je fais... Tu dois alors t’occuper d’eu ; tu es ensuite affaibli par le fonctionnement de la troisième loi... et tu te fais dézinguer par les Bön qui ne sont pas des rigolos... des types sérieux!

   - Exactement... Les Böns allaient me vaincre si je restais à me préoccuper de mes ouailles en vadrouille dans les nouveaux concepts développés par les moines « dialectiques ».

 

Je termine pour lui.

    - Tu es alors dans un espace pollué, et si tu tentes de le dépolluer, tu affaiblis ta Force et tu te fais ratatiner dans une action essentielle... Voilà la vérité du fonctionnement énergétique de cet Univers qui est une mécanique.

    - Bien vu!... Alors je ne pouvais pas faire autrement que de partir et de ne rien laisser derrière pour qu’ils ne puissent pas utiliser ma Force et m’affaiblir dans le Yam.

    - Sauf que tu es resté dans le Yam car tu croyais encore que les deux Forces composant cet Univers peuvent être dissociées et vivre séparément, dis-je, un peu rigolard.

    - Bien vu, mon frère!

 

Je souris au vent qui se lève dans la nuit.

    - Ne fais donc pas le fiérot « mon frère »... Lorsque tu as compris que tu t’es laissé coincer, tu as dû avoir une crispation aux couilles, je susurre.

     - Plus qu’une crispation « mon frère »!

    - Heureusement que tu as maintenant la fille du Holiness pour te décoincer, je fais, mi-figue mi-raisin.

    - Rigole bien, mon ami!... Je ne voudrais pas être dans ta peau de Bam... Ta souffrance transpire dans tous tes pores.

    - Tu te trompes, mon ami, je fais.

    - Tiens donc, il répond... Et pourquoi ?

    - Ce n’est pas la mienne, je dis finement dans une moustache que je n’ai pas.

    - Tiens donc!

   - Je ne suis pas assez con pour prendre en charge des pingouins qui veulent rester dans leur vallée de larmes en croyant construire un paradis.

    - Tiens donc, tu m’en diras tant!... Je ne suis pas obligé de te croire.

    - Non, tu n’es pas obligé, je fais... Et si tu me croyais, je serais déçu de toi.

 

Il prend le temps et il dit doucement comme un baume que l’on place sur le cœur pour apaiser la souffrance:

    - Je connais le problo avant toi.

 

Je souris. Il sourit.

Puis il demande:

    - Banco pour le partenariat ?

   - Banco! je fais... On va tenter de faire bouger ce Monde de rêves... Au moins pour notre plaisir!

    - Et ne rien laisser derrière, n’est-ce-pas ?

    - Surtout pas!

 

Puis il réfléchit un moment et il demande encore:

    - Et pour ne pas nous laisser piéger par la troisième loi... Comment faire?

    - C’est simple, je fais.

    - Ah bon!

    - Tu ne t’en occupes pas.

 

Il se masse encore le menton.

    - Mais comment faire ?

    - Ne t’en fais pas... La nana en préparation va te le montrer.

    - C’est vrai que je l’avais un peu oubliée celle-là, dit-il.

   - Arrête tes charres!... Tu passes chaque seconde à examiner les mouvements de l’Univers dans son attente.

   - Je dois reconnaître que ton copain « le Grand Ange » il se remue comme un beau Diable!

    - Té!... Ce n’est pas « moi d’après » pour rien!... Tu ne t’es pas encore rendu compte que je décoiffe ?

 

Il rigole.

    - Une seule certitude avec toi... On ne s’ennuie pas!

 

Et il éclate de rire dans le silence de la nuit.

Puis il ajoute avec un petit sourire dans les yeux.

    - Je reprends mon terme de partenariat.

    - Pourquoi ?

 

Il sourit finement.

    - Il y a une différence énorme entre nous deux.

    - Ah oui!... Laquelle ?

 

Il reprend son temps. Il veut que la certitude monte par son corps afin de ne pas se tromper.

 

    - Moi, je suis venu dans ce monde de la matière, que tu appelles Bam, avec la certitude de pouvoir aider les hommes à grandir... que j’avais les possibilités de changer le Monde.

    - C’est clair, je fais... Et alors ?

 

Il laisse encore les respirations prendre leur temps de nourrir chacune des cellules de son corps. Il sait que l’Intelligence Intuitive est en chacune d’elles et il leur laisse « leur » temps. Cela est le témoignage d’un « Grand ». Il laisse toujours le temps et il donne le correct espace au mouvement.

 

    - Toi, lorsque tu es venu dans la « matière », tu savais déjà que les dés étaient pipés... que de modification il ne pouvait pas y avoir.

    - Exact, je fais... Et alors ?

 

Sa barbichette va reluire comme les godasses des riches à force d’être lissée.

 

    - Tu as participé au Monde par obligation... car ton fichu Grand-Père t’a retenu dans la matière...

    - Exact... Et alors ?

    - Alors ?... Tu t’es trouvé « obligé » de participer selon ce que tu es, l’Intelligence Yam... OBLIGÉ!

 

Pas con le Padma!

 

    - Tu as respiré selon ton Intelligence... car il faut bien exister d’une certaine manière... Mais tu as pris le soin de ne jamais rien créer... afin de n’être pas immobilisé par ton fruit.

 

Il déroule le fil du Monde qui passe en lui.

 

    - Tu les as aidés dans leur Bam... car il faut passer par le Bam pour rejoindre le Yam... Ne me crois pas endormi sur mon estrade!... J’ai bien écouté tes Enseignements!... C’est le Bam qui se propulse dans le Yam... C’est bien cela ?

 

Je confirme de la tête. Alors il continue sur sa lancée.

 

    - Tu leur as donné des moyens très puissants pour grandir dans leur Bam et être fort... Car il faut être très fort dans le Bam pour décider de le quitter et d’entrer dans le Yam... Car la différence est énorme entre les deux espaces.

    - Tiens donc!

    - Mais oui!... Et c’est la base essentielle de tous tes Enseignements: le Bam s’organise, le Yam laisse la Force tout organiser.

    - Tiens donc!... Tu as compris cela de ton perchoir ?

    - Mais oui... Je ne suis pas aussi ratatiné de la méninge que parfois tu sembles le laisser entendre, mon frère!... Alors je pourrais peut-être le dire autrement: le Bam accumule, le Yam est le vent qui bouge tout mais ne crée rien.

    - Intéressant!

    - Mais dans mon langage à moi, peut-être un peu retardé pour toi, je dirais: Bam cherche à exister personnellement, Yam ne sait pas ce que c’est que d’avoir un vouloir personnel.

    - Bien vu, mon frère!

 

Il reprend de l’air dans ses poumons poussiéreux. Depuis belle lurette il n’a pas dégoisé autant en une seule foulée. Il faut le comprendre, le Padma. Il est devenu asthmatique à retenir sa respir sur son perchoir pour arriver à faire croire qu’il n’est plus là alors qu’il continue à être là.

 

Puis il reprend le fil des mots qu’il n’a pas envie de lâcher, pour une fois qu’il a un auditoire un peu sérieux qui est capable de le suivre dans la foulée.

 

    - Donc tu les as rendus forts pour qu’ils comprennent l’état du Bam et puissent décider d’en arrêter avec cette orientation à faire bouger la matière... mais en sachant que le Temps de cette matière est fini et qu’il faut maintenant envisager un départ du bateau.

    - Exact.

    - Mais eux n’ont pas voulu voir l’état réel de leur espace de vie et ils continuent toujours à se maintenir dans l’espérance d’un monde meilleur au fil du temps à venir.

    - Exact.

    - Ils n’ont pas voulu voir, malgré tous les moyens que tu leur as donnés, que le temps les conduit à la fin du tremplin et que le précipice est après... donc que le temps n’est pas l’ami de l’homme.

    - Exact.

    - Alors ils ont accumulé dans leur Bam encore plus avec les moyens exceptionnels que tu leur as donnés.

    - Exact.

 

Il laisse encore un peu de temps pour ses bronches à reprendre leur respiration.

 

    - Alors ils n’ont pas saisi que tu leur donnais les premiers moyens pour quitter le bateau avant le naufrage...

    - Exact.

    - Et ceux qui l’ont un peu senti, sont partis en courant en criant « au fou »... « Danger! ».

    - Exact.

 

Le temps reprend encore son rythme.

 

    - Alors que pour moi, le temps était encore avec moi, avec nous... les corps sur cette Terre des Hommes.

    - Intéressant.

    - Aussi, moi, j’ai cherché et participé... à créer.

    - Intéressant.

    - Je suis donc resté lié au fruit que j’ai fabriqué.

    - Intéressant.

    - Alors que toi, tu ne fabriques pas de fruit... Tu es un « homme libre ».

    - Pas con, ton truc, je fais.

    - Mais moi, sur cette Terre des Hommes, je suis devenu un défenseur et un guerrier de la Dignité... du fonctionnement harmonieux de l’Intelligence Yam en Bam...

    - Intéressant.

    - Je suis devenu un « magicien » capable de transformer les vibrations de la matière pour que cette dernière serve l’Ordre de l’Univers...

    - Intéressant!

 

Le temps encore.

 

    - Et en finale, je fus un acteur pour « activer » un spectacle... qui est mon lieu de vie.

    - Intéressant.

   - Mais toi, tu fus un metteur en scène d’un spectacle qui ne t’appartient pas... qui est l’antichambre pour entrer dans ta vie.

 

Vraiment pas con, le Padma!

 

    - Alors nous nous sommes développés différemment, il ajoute avec sa voix lente qui laisse les mots monter.

    - Ah!

   - Moi, j’ai cherché la rencontre et la découverte avec toutes les Forces Supérieures de Bam afin d’être de plus en plus opérationnel pour les transformations vibratoires de l’énergie.

     - Intéressant!

   - Toi, tu as cherché à montrer que ces Forces supérieures ne sont plus des aides à l’homme et qu’il faut maintenant regarder dans une autre direction.

     - Tiens donc!... Tu deviendrais intelligent « mon frère » ?

 

Le temps encore.

 

   - Voilà où je voulais en venir!... Nous sommes différents dans notre « musculation énergétique » si je puis employer un mot qui pourrait être le tien.

    - Ah bon!

   - J’ai une connaissance très poussée des procédés de fonctionnements internes de Bam afin d’aider Bam... Toi tu as une connaissance extraordinaire du fonctionnement entre Bam et Yam et comment le contrôle se fait entre les deux.

    - Tiens donc!

    - Alors, dans le « défi » que nous nous mettons sur la table à vouloir changer le destin du His Holiness... et celui de me faire revenir en action sur Bam, afin que je puisse modifier ma vibration en Yam... tu es plus fort et mieux formé que moi... Voilà où je voulais en venir.

    - Alors ?

 

Il lisse ses poils et il ajoute en tranquillité.

 

    - Il n’y a pas de partenariat... Tu es le chef de file... et je suis... Car dans ce monde que nous allons tenter de changer, tu es homme et moi gamin...

    - Ah!

   - Pas pour rien que tu es revenu en « Rien »!... Alors ne fais pas trop le con avec moi comme tu te produis en spectacle devant les hommes.

    - Ah!... Comment je fais avec les hommes ?

 

Il rigole:

 

    - Tu leur fais croire que tu es l’imbécile et l’ignorant du quartier... que dis-je!... que tu es le crétin du siècle et que tu ne prends rien au sérieux!

    - Ah bon!

   - Alors qu’il n’y a personne plus sérieux que toi sur cette Terre des Hommes et que pas une seule de tes respirations n’est pas une flèche allant directement dans la cible.

 

Vraiment pas complètement bouché, le Padma.

 

    - Alors ils ne te voient pas venir et tu les poques au moment où ils t’attendent le moins...

    - Ah bon!

    - Ce n’est pas pour rien qu’ils t’ont donné ce surnom de « Traqueur Silencieux ».

    - Ah bon!

    - Alors tu traques... et moi je suis ta trace.

    - Ah bon!

   - Et si tu as besoin d’un coup de main d’un parfait technicien énergétique, tu me fais signe et je vais au charbon.

    - Merci, je fais.

 

Nous nous sommes compris.

Le temps prend encore son temps et une question curieuse monte dans ma tête. Je la pose à Padma car il est en direct sur le sujet.

 

    - Dans quel état es-tu, si tu restes dans le Yam après avoir tout repris au Bam ?

    - Tu ne connais pas ? s’étonne Padma.

    - Non... Je fus créé d’une indispensabilité.

    - Alors tu n’as pas de vie antérieure ?

    - Non... J’ai tout découvert en direct.

   - Merde! fait Padma... Tu as été « nouveau » à chaque événement... Pas possible de te reposer sur ta mémoire... Pas facile!

    - Au contraire... plus facile que tu ne le crois.

    - Ah oui ? s’étonne le Gourou.

   - Cela m’a placé dans l’indispensabilité de rester toujours avec mon Intelligence car je n’avais pas de mémoire...

    - Alors, à découvrir chaque mouvement comme un nouveau-né, rigole-t-il... Moi avec les centaines de vies d’avant, je fais arrière grand-père à côté de toi!

     - J’ai ainsi pu avoir un regard d’enfant et je me suis bien amusé à découvrir les manières des hommes.

     - Tu as dû bien rigoler!

   - Oui... Je suis resté toujours émerveillé de toutes leurs inventions à fabriquer leur malheur alors qu’ils disent vouloir le bonheur.

 

Il rigole:

 

    - C’est juste un jeu de mots: qu’est-ce que c'est le malheur, qu’est-ce que c’est le bonheur ?... Moi, je connais leurs jeux de conscience... Mais toi, tu as dû passer pas mal de temps à comprendre leur langage.

    - Oui... beaucoup de temps comme un enfant idiot...

    - Intéressant, la situation de porter la bêtise en soi ? continua-t-il à rigoler.

 

Je prends du temps et je souris aussi:

    - Cela m’a permis de découvrir l’existence des structures énergétiques et de cataloguer les principales.

    - C’est vrai... Aucun Yam Majeur avant toi n’avait abordé les comportements réflexes de l’homme selon cette connaissance... Mais pourquoi t’es-tu intéressé à ce type de fonctionnement énergétique ?

   - Tout simple. Je me suis rendu compte que je n’étais pas idiot. Je me suis aussi rendu compte que les autres n’étaient pas idiots non plus... Donc il devait y avoir un virus quelque part.

    - Alors tu as cherché ?

    - Oui... Je suis entré dans de nombreuses situations différentes avec des gens différents et j’ai cherché le dénominateur commun.

    - Et tu as trouvé ?

    - On trouve toujours si on cherche vraiment, je fais.

 

Le Padma écoutait avec une extrême attention.

    - Tu es un Maître, dit-il, avec un respect énorme dans sa gorge.

   - Non... Je suis un travailleur, je dis calmement... J’ai fait mon job sans me soucier des égratignures sur ma peau, sur mon cœur, sur mon intelligence.

 

Le silence gagna le cœur de Padma et il demanda, presque timide:

    - Alors, quel est ton Job ?... Quelle indispensabilité a provoqué ta création « unique » ?

    - Montrer la porte de sortie aux Yam Majeur prisonniers du Bam.

 

Là, le Padma est touché au cœur. Il commence à entrevoir un problème majeur le concernant en direct.

    - Tu veux dire que des Yam Majeur réincarnés en Bam peuvent s’être fait piéger par le Bam... et donc ils restent en prison dans cet espace ?

    - Oui, c’est cela.

    - Mais pourquoi... mais comment ?

    - À travers les sensations, je dis doucement.

    - Explique mieux.

 

Je laisse le temps donner les mots justes.

    - Quel est le support principal de Bam ?... La sensation... Bam est sensations et c’est son fil de communication.

    - Ok, cela je le sais.

 

Je reprends le temps.

    - Tout Yam Majeur peut se laisser attraper par les sensations du Bam et suivre leur fil... Ainsi il cesse d’être Yam et il devient un Bam... seulement un peu plus intelligent que les autres.

    - Je suis...

    - Ceux-là vont devenir un de ces Maîtres Spirituels qui fleurissent sur cette Terre.

    - Je suis... en partie... Car, pourquoi se sont-ils laissés attraper par les sensations et tout le mécanisme qui va avec ?

   - Parce qu’ils ont un corps, dis-je avec lenteur afin que les mots entrent profond en sa conscience.

    - Je ne comprends pas.

 

Je lui laisse un peu de temps de s’imprégner des mots.

   - Le corps est une création du Bam et il fonctionne sur les sensations, je continue tout aussi lentement, comme on parlerait à un enfant.

    - Cela, je le comprends... Mais pas le lien.

    - Le lien est la mémoire, je fais très doucement.

    - Merde! rugit-il... Maintenant je comprends.

 

Le temps passe encore son temps. Puis Padma dit:

    - En prenant la mémoire comme support, ils ont perdu la connexion avec la Force qui est dans l’Intelligence du Yam...

    - Et cette Intelligence est devenue mémoire, je termine.

 

Padma opine de la tête. Alors je finis pour lui:

   - Comme le Monde est en évolution, lorsqu’ils reviennent sur la Terre des Hommes, il existe beaucoup d’autres nouvelles sensations et possibilités de jouer.

    - Oui... Mais elles ne sont pas dans leur mémoire.

   - Oui... Ils n’ont pas alors les références dans « l’ancien »... Et comme ils ne sont plus avec la seule Force de l’Intelligence, ils fonctionnent selon les mécanismes du Bam qu’ils teintent d’un relent d’Intelligence Yam.

 

Le temps encore.

    - Alors, tu veux dire qu’au moment de la mort, ils ne peuvent pas retourner dans le Yam et qu’ils restent accrochés au Bam pour de nouvelles réincarnations ?

    - C’est cela... Ils se sont fait attraper par les rêves du Bam et ils sont alors liés à eux.

 

Le silence encore.

    - Alors, c’est leur appel qui a provoqué ta création ?

    - Ce fut plus qu’un appel... Ce fut un cri de désespérance.

 

Le silence encore.

    - Leur cri de souffrance fut si fort qu’un Yam Majeur a pu être créé sans passé ?

    - Oui... et c’est mon lien principal avec Bam.

 

Le silence.

    - Mais tu as su que l’action était désespérée lors de ton arrivée!

    - Oui... mais il y avait un joker dans l’opération.

    - Un Joker ?

    - Oui... Bam!

    - Je ne comprends plus.

 

Silence encore.

    - Le Bam a appuyé la demande des Yam Majeurs prisonniers dans le Bam... Il disait que beaucoup d’entre eux étaient prêts à revenir dans l’Intelligence du Yam car ils comprenaient le dérèglement de leurs actions... Mais le virus en eux était si fort qu’ils ne pouvaient pas s’y opposer... alors ils ont aussi demandé de l’aide.

    - C’est donc la combinaison des deux qui a provoqué dans le Yam la création d’un être nouveau sans passé ?

    - Oui.

    - Tu fus alors toujours comme un étranger.

    - Oui... mais ce fut ma Force.

 

Padma laissait son cœur aller contre le mien. Il tentait de comprendre l’ampleur du problème de la Terre des Hommes de maintenant.

C’est lui qui relança ma question initiale.

 

    - Être seul dans le Yam... sans connexion avec Bam... c’est le plus court chemin pour s’emmerder royalement.

    - Bien dit, je rigole... J’avais un peu ce sentiment!

 

 

 

 

 

******************