Quinzième mouvement.
La dernière des chaînes du Yam.
Le Roshi tourne autour du trou d’eau qui a voulu avaler son fils.
La nuit fut terrible! Le vent et les hurlements des crêtes!…
Le torrent qui voulait déverser son eau au-delà de ses remparts!… C’était le déluge sur le plateau et les gens croyaient qu’ils allaient être entraînés par la furie liquide qui dévalait les chemins et entrait dans les maisons pour avaler les faibles qui ne savaient plus s’accrocher à la vie.
Les moines entendaient les Kamis de la montagne, de l’eau et de l’air crier leur mécontentement sur la tête des hommes qui veulent asservir le Monde.
La peur régnait cette nuit et chacun courba le cou et entra la tête sous les couvertures chaudes des lits pour se cacher et ne plus entendre le rugissement de l’Univers contre eux.
Le vieillard veilla toute la nuit, assis sur son siège de méditation, le Livre d’or fort serré dans ses paumes. Ce Livre ne devait pas lui échapper! Ce voyage dans la mort devait rester avec les Hommes pour leur enseigner les derniers secrets du Bam et de sa relation avec Yam.
Ces derniers enseignements de son fils d’avant ne devaient pas être repris par les Kamis mécontents des Hommes!
Les Kamis disaient que les Hommes ne méritent pas d’utiliser le fruit de « Celui si Grand » qui a laissé la Vie quitter son corps car il n’y avait plus de place pour lui dans l’Univers organisé par les Hommes sans lucidité et sans cœur.
Le seul cœur des Hommes est pour eux-mêmes!... pour défendre leur structure énergétique qui régit toutes leurs références des sensations... Ce faux cœur qui décide de ce qui est juste... et ce qu’il faut écarter!
Le vieillard donnait son soutien à l’Homme!
Il ne voulait pas que les derniers Souffles de son fils d’avant soient emportés!... Il ne savait pas encore perdre et reconnaître l’inutile tentative de venir au secours de l’homme tel qu’il est maintenant.
Alors durant cette nuit, il fut dans la tourmente avec son fils d’avant. Il l’a accompagné dans sa traversée du plateau rugissant. Il a passé les crêtes aigues avec lui. Il l’a soutenu lorsque son corps maigre faiblissait et semblait emporté par les tourbillons.
Puis le monastère se découpa dans le repli des montagnes.
Son fils soupira de contentement.
Il l’entendit dire: « C’est là... enfin!».
Il l’accompagna sur la sente. Il restait derrière, prêt à l’aider lorsqu’il trébuchait.
Le jour quittait la Terre. La lune s’ouvrit.
L’irréel était là. Le Roshi eut peur.
Son fils d’avant souriait... S’il peut appeler « sourire » ce rictus qui plissait les lèvres sous l’effort et la souffrance du corps.
Mais il sentait son fils heureux et il savait que cela était « sourire ».
À la fin de la sente, il passa devant pour faire ouvrir les portes par les moines endormis.
Mais il ne sentit plus son fils derrière lui!... Une panique soudaine entra sans son corps et sa respiration se coupa.
Il chercha dans la nuit et la lune lui montra la silhouette qui contournait les roches du Nord. Son fils allait vers le torrent!
Alors le Maître revint sur ses pas. Il suivait.
Son fils était tout seul en son cœur et sa respiration. Il n’avait plus besoin d’aide. Il est arrivé à sa destination.
Le vieux ne comprenait rien... sauf qu’il avait à suivre pour toucher cette Connaissance qu’il cherche depuis si longtemps:
« Pourquoi mon fils a choisi ce trou d’eau pour mourir ? ».
Son fils rampa sur le bord du précipice. Il laissa son corps glisser sur la sente de chèvre gravée dans la roche. Il sentit la terre et le roc entrer en lui et déchirer ses chairs!
Puis, dans le fond de la cuvette, là où l’eau prend des méandres dans les terres plates, il chercha le trou d’eau qui devait l’absorber et détruire ce corps qui était eux, qui était Elle, qui était « Lui ».
Alors le vieillard sut qui était « Lui »!
Son corps se tendit comme un arc sous la souffrance et il hurla dans la nuit!
Les rugissements des Kamis couvrirent ses cris et ses pleurs restèrent dans son silence. Ils entrèrent dans ses yeux et retournèrent à l’enfer dont ils venaient de sortir.
Son fils riait. Ses yeux rayonnaient de la joie d’en arrêter avec un mensonge.
Son fils était venu ici, jusqu’ici, dans ce lieu si particulier qui terrifiait chacun, parce que ce lieu était celui du Diable!
Le vieillard sut enfin ce que ses deux fils lui disaient à chacun des mouvements de leur corps.
Ici, il y avait la concentration du pire de l’homme qui s’est soumis à la Terre...
Et la Terre est terrifiée de la pollution qui entre en elle du fait de celle de l’esprit de l’homme.
Ici, il y a l’Homme qui est devenu le rayonnement de la Terre polluée par l’Homme.
Ici, c’est la fin de l’action de l’Homme qui se croit Dieu.
Ici, est la Fin des Temps.
Alors son fils est venu à ce lieu de concentration de la pollution des hommes et il a remis entre les mains de l’eau, le corps fait d’Elle, cette Femme enceinte de l’Homme que l’on appelle « l’Amour Universel ».
Il a donné leur part à la terre et aux rocs avec son sang qui sortait de ses blessures qu’il s’infligeait en rampant sur les arêtes de la sente pour les chèvres.
Il a donné sa part au vent en crachant le sang de ses poumons en feu dans la traversée des crêtes rugissantes qui se plaisaient à durcir ce sang sur ses lèvres.
Il leur a redonné ce qu’ils avaient concentré en lui pour créer ce corps!
Il l’a fait car il ne voulait plus que ce qu’il est, cette concentration si puissante du Yam Majeur, puisse continuer à être utilisé par le Mensonge Primordial qui est maintenant le support de l’Homme et sa défense.
Alors il partait.
Le vieillard tournait autour du trou d’eau au petit matin.
Il pleurait... du moins de l’eau sortait de ses yeux et glaçait sur ses joues.
Il sut aussi que son second fils avait abouti à la même connaissance.
Il venait lui aussi ici!
Mais il était devenu trop faible et il a fallu que le vieillard aille le chercher dans l’autre vallée, au-delà des Montagnes du Nord.
Maintenant le Roshi sut que son « rêve » était orchestré par le Bam qui voulait reprendre ses pouvoirs sur son fils revenu et l’utiliser... après la désertion de son fils d’avant.
Alors maintenant il sait que c’est Bam qui le pousse à lancer dans l’Univers ces mots du « Voyage dans la Mort ».
Mais il aime les Hommes et il doit continuer pour eux. Il lui reste encore un espoir que l’un d’eux saisira la Force et la chevauchera.
Alors il revint à son pavillon. Hiro lui préparait le thé. Le Maître cuisinier n’avait pas quitté un instant son ami des yeux.
Il était prêt à plonger dans la tourmente pour le retenir parmi eux.
Après que le thé brûlant dilata la gorge durcie par la glace, les mots s’égrenèrent dans l’Univers des Hommes.
Le Voyage dans la Mort.
Les moines épient dans la cour celui qui marche comme un canard. Mais ils sont déçus. Personne avec les jambes écartées afin de ne plus frotter contre des testicules en feu. Ils commencent donc à douter des performances de la fille du Rimpo et de ses possibilités d’être le maître de l’espace et du temps.
Pourtant, elle est en cuisine et chantonne de sa voix claire, pleine de force et de contentement.
Alors ils ne comprennent pas et se demandent si le mec n’est pas un « out » le monastère... Mais, en dehors de moi, il n’y a personne d’étranger au lieu. Aussi ils me regardent avec les yeux du dog qui ne sait plus de quel côté va arriver l’os avec un peu de viande dessus.
Ils sont Bam... et des Bam qui n’ont pas d’intérêt à modifier et accélérer leur vibration. Alors ils ne peuvent pas voir leur fameux Gourou arriver dans la cour. Lui, il a les jambes bien écartées!
Il m’aperçoit sur mon banc de bois sur lequel je suis revenu après ma brève rencontre avec le Rimpo, histoire de lui changer les idées et les vibrations pendant que sa fille se faisait sauter par son Gourou.
Il arque les guibolles, pas à pas, car la gueuse n’y est pas allée de main morte, à voir les rides qui s’impriment sur son visage à chaque mouvement.
Il s’assoit précautionneusement à côté de moi. Il souffle comme un phoque.
Je ne dis rien. Je regarde les nuages qui encombrent le ciel comme ils en ont l’habitude... Je hume l’air si vicié à Katmandou qu’il est préférable d’avoir son masque à gaz en permanence.
Bref, je ne suis pas là!
C’est lui qui ouvre le bal. D’ailleurs, il est venu pour cela.
- Elle a des ongles, et elle sait s’en servir! dit-il enfin, pour libérer la tension en lui.
- Ah bon!
- Et puis, lorsqu’elle tient, elle tient!
- Ah bon!
- Tu avais bien dit « maîtresse du temps »!... éh bien je puis te confirmer qu’elle prend son temps et ne lâche pas.
- Ah bon!
- Même si je la suppliais de lâcher un peu de pression...
- Ah bon!
- Elle disait: « Jusqu’au moment où je sens que tu me communiques ta Force, il a dit le jeune Blanc »!
- Ah bon!
- Alors, tu parles que j’ai mis le turbo « pour communiquer » comme tu le dis si bien pour utiliser un de tes mots.
- Ah bon!
- Mais ce n’est pas plus mal!
- Ah bon!
- C’est même mieux.
- Ah bon!
Il a besoin d’un peu de temps pour continuer le message qu’il est venu me transmettre.
Il tente de croiser les jambes de l’autre côté et cela lui prend un temps certain et il s’aide de sa main pour soulager sa cuisse dans son effort. Il fait une grimace qui se voudrait être un sourire.
- Elle a fait naître en moi une vitalité que je ne soupçonnais pas, dit-il doucement en transformant son rictus en vrai sourire.
- Ah bon!
- J’ai une Force incroyable qui s’est développée dans mon corps...
- Ah bon!
- J’en fus étonné... et enthousiasmé... Je ne connaissais pas.
- Ah bon!
- Pour être honnête... Je n’étais pas enthousiasmé... C’est cette Force qui portait l’enthousiasme en elle.
- Ah bon!
- Je n’avais que de me laisser porter... elle avait son propre mécanisme d’action.
- Ah bon!
- Et tout mon corps était vivant... comme jamais il n’avait été...
- Ah bon!
- Même avec ma superbe compagne Sogyal!...
- Ah bon!
- Il faut dire que cela fait plus de mille ans.
- Ah bon!
- Il faut dire aussi qu’après j’ai manqué d’entraînement.
- Ah bon!
Il a besoin encore du temps pour continuer sa confession, car c’est une confession... des mots profonds entre amis... pour se soulager.
- Ce fut aussi merveilleux pour ma tête, dit-il encore plus doucement comme s’il ne voulait pas déranger l’air pollué de la vallée.
- Ah bon!
- Je n’ai jamais senti une tête aussi vivante!
- Ah bon!
- Mais sans aucune agitation de la pensée... Une tête qui comprenait tout et qui suivait tout!
- Ah bon!
- Avec une passion qui m’a laissé en repos.
- Ah bon!
Le temps fut encore son ami.
- Je ne savais plus si c’était moi qui lui donnais, ou elle qui m’activait afin que je sache mieux ce que je suis, reprit-il avec une douceur dans la voix.
- Ah bon!
- Je n’ai jamais connu une telle intensité qui se partageait, continue-t-il avec la douceur qui irradiait sur ses joues et cela devenait un sourire tendre.
- Ah bon!
Encore le temps.
- Et maintenant je me sens fort et soulagé... Vivant!
- Ah bon!
- Comme après un grand nettoyage... Très profond.
- Ah bon!
- Je suis bien.
- Ah bon!
- Je suis alerte et jeune.
- Ah bon!
Le temps encore.
- Je suis maintenant prêt pour le « travail »... Cela je le sens fort!
- Ah bon!
- C’est comme si « avant » j’étais dans un rêve... Une existence virtuelle.
- Ah bon!
- Maintenant, j’ai le corps avec moi... Il m’assiste.
- Ah bon!
- Avant, il n’était qu’une existence qui supporte l’esprit.
- Ah bon!
- Maintenant, il est participant à mon esprit.
- Ah bon!
Le temps encore.
- Elle m’a demandé de te dire « merci ».
- Ah bon!
- Elle ne l’a pas demandé pour elle...
- Ah bon!
- Elle est assez forte et directe pour le faire elle-même.
- Ah bon!
- Elle m’a dit de te le dire « pour moi ».
- Ah bon!
- Alors je te dis « Merci ».
Les moines passent et repassent devant nous... sans s’occuper de moi.
Le Padma a compris la leçon. Il murmure les mots.
Moi, je bouge à peine les lèvres. D’ailleurs, vous avez compté le nombre de mots que j’ai dit ?
Alors on me laisse tranquille. La séance de ventriloque est terminée.
Le Padma se chauffe les couilles à la chaleur du banc. Il étend les jambes et se décontracte enfin.
La radiation qu’il émet est belle et bonne. Il comprend vite, le Gourou. Il sait reconnaître lorsqu’il est devant un événement essentiel. Il est Yam. S’il sait y rester, et ne plus se laisser manipuler par les réflexes de Bam, car c’est plus facile en utilisant la mémoire, nous allons pouvoir faire du bon travail ensemble.
Mais il est resté si longtemps sur son piquet qu’il ne veut plus perdre du temps.
Alors il me relance avec sa voix douce qui ne voudrait pas me déranger.
- Est-ce pour cela que tu n’as jamais enseigné ces « moyens » de fonctionnement du corps ?
- Explique ?
- Je te suis depuis que tu as commencé à remuer cette Terre des Hommes... Tu sais, on s’ennuie un peu dans le Yam, tout seul, sans connexion directe avec le Bam... alors on est spectateur de la Vie des Hommes.
- Ah bon!
- Tu as attiré mon attention, car tu étais le mec le plus passionnant que je pouvais observer.
- Ah bon!
- Et je ne t’ai jamais vu ou entendu enseigner cela.
- Ah bon!
- Est-ce parce qu’il y a trop d’énergie qui se communique avec une jouissance énorme ?
- Oui, je fais tranquillement, sans me presser.
- Tu peux m’en dire plus ?
- Pose-toi la question primordiale: « Qui » est le destinataire ?
- Explique mieux, s’il te plaît.
Je laisse les vrais mots venir.
- Pour l’homme ordinaire, lorsqu’il y a sensations, il y a obligatoirement « énergie libératrice »... et c’est la mare à canards à tous les errements, je dis lentement.
- Encore plus... Merci.
- Pour lui, qu’il y ait « énergie » suffit à son contentement et sa certitude. Il ne se demande pas quelle est la vibration de cette énergie.
- Oui, je comprends mieux maintenant.
- La matière lui suffit. La qualité de la vibration n’est pas le problème et l’interrogation de Bam, j’ajoute doucement.
Il laisse le temps continuer son temps.
Il n’est pas satisfait en totalité de ma réponse. Alors il relance, car vous vous étiez déjà rendu compte qu’il a de la suite dans les idées, le Padma.
- Il y a plus que cela, dit-il doucement.
- Ah bon!
- Tu n’es pas le mec à abandonner un moyen aussi essentiel et puissant pour seulement ce risque dont tu parles.
- Ah bon!
- Il faut un « risque » plus grand.
- Ah bon!
Il reprend le temps et tourne franchement les yeux vers moi.
- Quel est ce risque si « dangereux » ?
Je prends le temps pour moi.
- L’attraction à la souffrance et à être transformé en esclave, je susurre du bout des lèvres pour ne pas être entendu de l’Univers.
Il reste avec les yeux dans mes yeux. Je détourne les miens et les porte sur les moines qui passent. Il ne comprend pas.
Sa Connaissance du Bam s’est arrêtée à la recherche des Forces Essentielles d’aide aux hommes.
Il ne s’est pas soucié de l’origine de ses Forces. Leur présence lui suffisait. Il est Magicien. Il a besoin de « matériel ». Elles étaient là. Il les a utilisées.
Il ne connaît pas leur auto-création en réponse au fonctionnement disharmonieux de l’Homme selon l’Ordre premier du Bam Majeur qui est l’Ordre du Yam.
Il ne sait toujours pas que l’Ordre du Bam Majeur est l’Ordre du Yam.
Alors il ne sait pas comment s’est faite la rupture entre le Bam Majeur et l’homme...
Alors il ne peut pas comprendre ce que je viens de dire. Il a seulement senti dans son corps que la réponse avait une autre réponse derrière et il a demandé.
Alors la question « maintenant » est: ai-je envie de faire « encore » un effort pour lui amener cette compréhension ?
Car pour cela, une explication mentale ne suffit pas. Il faut ouvrir les mémoires de l’Homme par le biais des Portes du Ciel.
D’abord la mémoire ordinaire, pour connaître le mécanisme exact de la « séparation »... et ses conséquences.
Puis ensuite, les mémoires profondes pour comprendre le disfonctionnement qui s’est installé dans le Bam... et ses conséquences.
Encore tant de travail!
Il n’a qu’à suivre le développement de son His Holiness!
Mais j’ai de la peine qu’il ne sache pas cela.
Alors la question est posée dans mon corps... J’attends la réponse en m’allongeant sur le reste du banc. Je mets les pieds sur ses cuisses. Ainsi, s’il ne comprend pas qu’il est de trop, il est bouché!
Je ne peux plus dire que l’odeur s’en va... Il a pris une douche et a changé ses fringues. Elles sont maintenant dans ma salle de bains et cela pue. Encore un problème de plus que je vais devoir régler: expliquer au moine qui s’occupe de moi que je les avais dans la valise en souvenir des temps passés.
Tu parles d’un job!
L’air passe sur mon visage. Il souffle doucement; pourtant il n’y a pas de vent qui chasse les nuages.
La chaleur gagne ma peau, puis sous ma peau. Elle me soulève la tête qui repose maintenant sur un coussin d’air chaud.
- C’est Toi ? je demande.
Un rire léger me répond:
- Qui veux-tu d’autre ?
- Personne, je dis.
Le silence devient chaud.
- Tu sais... Padma ne pouvait pas comprendre ce que tu disais, il dit avec des mots calmes et doux.
- Je sais.
- Il n’a utilisé son Yam que pour aider Bam et participer avec lui.
- Je sais.
- Il ne s’est donc jamais soucié de l’évolution de Bam.
- Je sais.
- Seulement de sa « défense ».
- Je sais.
- Il n’est jamais allé à l’Origine de chaque chose.
- Je sais.
- Il est un praticien.
- Je sais.
La douceur était là, mon cou était bien tenu par le coussin de tendresse qui serrait bien sur le cervelet qui lavait le cerveau.
- Alors, il ne peut pas connaître la dernière des chaînes pour le Yam qui veut rejoindre le Yam et s’en défaire.
- Je sais.
- Se défaire du Yam... Pas seulement de la chaîne qui est dans le Bam.
- Je sais.
- Mais, c’est la même chaîne.
- Je sais.
- Aussi elle agit de la même manière sur Bam comme sur Yam qui a pris un corps.
- Je sais.
- C’est pour cela que l’on peut avoir conscience d’elle et agir sur elle à partir du Bam.
- Je sais.
- Je n’avais aucun doute sur ton savoir, il sourit dans la gentillesse de son cœur.
- Je sais.
- C’est une manière de nous dire ensemble ce que nous savons, continue-t-il dans sa douceur.
- Je sais.
- Ainsi nous pouvons inscrire les mots dans l’Univers des hommes.
- Je sais.
- Car la seule piste que les hommes savent suivre est celle des mots.
- Je sais.
- Sont rares ceux qui savent suivre sans les mots.
- Je sais.
- Ceux-là ne sont pas loin d’avoir leur Bam en vibration Yam.
- Je sais.
- Mais pour cela, il faut qu’ils aient d’abord abandonné les mots.
- Je sais.
- Et c’est difficile... J’ai buté dessus lorsque j’étais « toi » dans la vie d’avant.
- Je sais.
Le temps donne encore son calme. Les mots n’ont pas d’importance. Ils sont un support à ce silence qui se bouge dans Bam.
- La production d’énergie est énorme, lorsque l’on pratique avec les corps, comme tu l’as expliqué à la fille du Rimpoché.
- Je sais.
- C’est une pratique qui a sa base dans le mécanisme de la séparation.
- Je sais.
- Elle est liée à la souffrance de la déchirure produite par la séparation.
- Je sais.
- En fait, elle est la séparation elle-même qui se nourrit sur elle-même.
- Je sais.
- La séparation exige une promesse de l’homme.
- Je sais.
- C’est de lui donner « tout ».
- Je sais.
- De ne rien garder pour lui.
- Je sais.
- D’aller jusqu’au bout du « don ».
- Je sais.
- D’aller jusqu’au bout du « nouveau Bam ».
- Je sais.
- De ne pas l’abandonner... Jamais!
- Je sais.
- De lui donner « tout » jusqu’à la dernière extrémité.
- Je sais.
- De rester avec Lui... de toujours l’assister... quels que soient les errements et imperfections du Bam.
- Je sais.
Le temps donne sa douceur qui est hors lui.
- Alors tu sais que dans ce « nouveau Bam » issu de la séparation, ce n’est pas l’Amour la plus forte Puissance... Mais le « don » total par la « souffrance ».
- Je sais.
La chaleur gagna le cœur qui parle de choses terribles.
- Alors, tu sais que la Force à se faire mal est la plus puissante dans ce nouvel Univers Bam.
- Je sais.
- Et que vendre « l’Amour » comme Force suprême, est un mensonge.
- Je sais.
- Alors tu sais que cette Force à se faire du mal... à obtenir par la violence et la souffrance physique... gagne toujours en finale.
- Je sais.
- C’est elle qui récupère la dernière impulsion de vie.
- Je sais.
- C’est elle qui tient bien l’homme!
- Je sais.
- C’est comme me dit souvent le Diable: « Tu es le plus fort... Mais je gagne toujours car je les tiens bien! ».
- Je sais.
La chaleur coule dans tout le corps et je suis fatigué de toujours cette guerre perdue d’avance.
- Alors, puis-je te poser une question ? il demande gentiment.
- Oui.
- Ou alors, puis-je parler... et tu me dis si je suis juste dans ma compréhension de ton action.
- Oui.
Il prend du temps à lui.
- Tu as mis la fille du Rimpoché sur cette méthode d’action car tu veux rompre le fil de cette manipulation dans l’Univers ?
- Hon Hon, je fais.
- Donc, je ne suis pas entièrement correct ?
- Oui.
- C’est vrai que tu sais bien que tu ne peux pas rompre le fil car il est inscrit dans les gênes de l’homme... Alors, cela veut dire que tu veux montrer le « fil », n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Tu veux le montrer pour que d’autres puissent le saisir en eux.
- Oui.
- Et ainsi, ils peuvent peut-être se libérer de ce mécanisme.
- Hon Hon, je fais.
- Donc pas encore parfait ?
- Oui.
- Ils ne peuvent pas s’en séparer, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Ils ne peuvent donc pas être libérés de ce mécanisme, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Ils ne peuvent que s’en servir, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Pour produire une quantité énorme d’énergie.
- Oui.
- Et tu fais envoyer cette énergie à un autre destinataire que le Bam de la séparation, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Alors tu termines ton action comme tu l’as toujours conduite... Tu utilises tous les outils de la séparation pour passer plus haut que cet état qu’elle a programmé chez l’homme et inscrit dans ses gênes.
- Oui.
- Tu utilises tous les outils qui séparent pour réunir de nouveau, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Parce que ces outils sont plus puissants que ceux de l’Amour, n’est-ce-pas ?
- Oui.
Il va encore dans son vent puisqu’il n’a pas de respiration.
- Ce sera ton dernier défi, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Il n’y en a pas d’autres plus haut dans le Bam, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Il n’y en a pas non plus de plus haut pour le Yam qui veut se libérer du Bam, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Alors, c’est la dernière chaîne à rompre pour le Yam qui veut retourner chez lui.
- Oui.
- Mais un Yam libre totalement du Bam!
- Oui.
- Ce que n’est pas Padma.
- Oui.
- Il est resté coincé dans son Yam car il n’a pas su se libérer complètement du Bam, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Parce qu’il a mis dans ses techniques, ses pratiques et enseignements, cette forme de soumission qui produit de l’énergie, n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Alors il a cru qu’il se libérait de tout le Bam... Mais il est resté dans le Bam car il leur a donné des moyens de la séparation pour obtenir les sensations, visions, performances énergétiques, divers pouvoirs... n’est-ce-pas ?
- Oui.
Le temps vient doucement dans les cœurs chauds des hommes qui savent attendre.
- Alors il n’a pas pu progresser dans le Yam et traverser cet espace vers le Rien... n’est-ce-pas ?
- Oui.
- Et c’est l’aide que tu tentes de lui amener à travers la fille du Rimpoché ?
- Oui.
Le vent chauffe la vie qui voudrait partir et retourner là où il fait chaud.
- Mais pour cela il te faut un corps vivant dans le Bam.
- Oui.
- Et c’est ainsi que tu utilises la Fille du Rimpoché.
- Oui.
- Et tu fais coup double.
- Hon, hon, je fais.
Il reprend son temps.
- Non, tu fais coup triple!
- Oui.
- D’abord le Padma, n’est-ce-pas ?... Tu le mets devant des réalités qu’il n’avait pas perçues avant... Ainsi il peut progresser.
- Oui.
- Ensuite, la fille... Elle a le cœur pour aller dans la vérité sans sourciller.
- Oui.
- Elle peut enseigner d’autres sur cette pratique et faire partir un autre mouvement dans le Bam.
- Oui.
- Et enfin, le Rimpoché, n’est-ce-pas ?... à travers sa fille qui va lui communiquer sa connaissance nouvelle.
- Oui.
Il rit.
- Tu tapes une fois... et tu touches trois fois...
- Hon Hon, je fais.
- Plus que cela ?
- Oui.
- Combien ?
- Quatre, je fais.
Alors il compte sur les doigts.
- Ok... C’est clair pour le Gourou... C’est clair pour la fille... C’est clair aussi pour le His Holiness... Tu introduis cette Force et cette connaissance par l’intermédiaire de sa fille avec laquelle il est relié très fort par la troisième loi énergétique... Ok pour tout cela... Mais je ne vois pas le quatrième ?
- La fille sera libre du Père, dis-je doucement.
- Merde!
Il laisse un temps se dérouler selon son rythme tellement sa compréhension va profond.
- Tu veux dire qu’elle va relativiser la Force et la Connaissance du Père... Le His Holiness... Le chef de file d’une des plus grandes Familles Nyingma ?
- Oui.
- Elle va en même temps relativiser toute la Tradition.
- Oui.
Il a besoin d’un temps encore:
- Et ainsi elle va de nouveau remettre en action en elle les outils naturels de « chercher et découvrir tout seul » qui furent émoussés par sa soumission au Père, au Holiness, à la Tradition.
- Oui.
- Tu fais redémarrer un autre mouvement « dans » la Tradition.
- Oui.
- Il faut que le ver soit dans la pomme, n’est-ce-pas ?
- Oui.
Il rigole doucement dans le vent.
- Je comprends comment, pour avoir eu « toi » comme « moi d’avant », j’ai pu sauter direct dans « Rien »!
- Si cela a pu te faire un turbo, je fais... j’en suis content pour moi... puisque je suis « toi » en « moi après ».
Il cesse son rire.
- Cela ne semble pas te faire particulièrement plaisir ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Tu crois que c’est facile de toujours « tout » voir, tout comprendre!... avoir toujours raison!... et agir dans le vide avec des gens qui demandent dix fois « Pourquoi ? » avant de faire!
- Et lorsqu’ils se décident à « faire » le Temps de l’action est passé!... je sais.
- Et il ne reste alors qu’à attendre un autre événement porteur de la Force du Yam en espérant qu’ils vont enfin faire ce que l’on demande de faire au moment où on leur demande!
- Et entre temps, expliquer mille fois pourquoi ils ont manqué le train dans la dernière opération.
- Et encore supporter, guérir, et porter leur souffrance d’avoir perdu encore une fois.
- Alors qu’ils ne montrent pas dans leurs réflexes qu’ils ont changé quelque chose dans leur système énergétique qui va conduire l’action lorsque l’évènement suivant sera là.
Je laisse mes lèvres sourire.
- Tu as tout compris « mon frère »!
- N’oublie pas que je suis « toi » d’avant devenu « après ».
- Je n’oublie pas.
- Puis je te dire « Merci » ?
- Pourquoi ?
- Sans toi, comme tu l’es « avant », je n’aurais pas pu être « moi » maintenant.
- Alors tu peux me dire « Merci »... Je l’accepte.
Le temps encore, puis il dit doucement:
- Ils vont te regretter... Tu leur manqueras.
- Non, je fais
- Pourquoi ? il demande étonné.
- Ils vont bien s’arranger sans moi.
- Pourquoi ?
- On aime bien les emmerdeurs... mais un court temps!... et puis...
- Et puis... ?
- S’ils utilisent mal cette nouvelle technique de l’Art de l’Amour, ils vont aller droit en enfer.
- Tu en es préoccupé ?
- Un peu.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il y a déjà beaucoup de faux maîtres qui vendent l’Amour à travers le sado-maso...
- Ils peuvent alors utiliser cela dans leur répertoire ?
- Oui.
- Car pour ces gens, c’est la production d’énergie et les sensations qui sont les références entre « bon » et « mauvais » n’est-ce-pas ?
- Oui.
Il laisse le temps passer. Il est à lui.
- Ne te préoccupe pas de cela, mon frère.
- Pourquoi ?
- Ils iront alors encore plus vite à la destruction de leur espace... Tu sais bien que ce n’est maintenant qu’une question de temps ?
- Oui.
- Alors, repose-toi sur le chaud de mes cuisses... Je sens ma Force qui entre en toi... Tu as besoin d’aide, toi aussi.
- Merci... Mais ce n’est pas tout.
- Ah bon! dit-il.
Je reprends le temps avec moi.
- Il y a les Yam Majeur qui peuvent être immobilisés ici à cause de cette Force liée à la séparation, dis-je.
- Pourquoi ?
- Cela peut être une drogue de leur corps affaibli.
- Pourquoi ?
- Ils ont dû aller très profond dans la connaissance du Bam et de sa relation avec Yam, pour connaître cette Force en direct.
- Et alors ?
- Alors ?... Cela signifie qu’ils sont allés au bout de chaque mouvement, tout au fond... Ils ont activé sur eux et en eux, tous les processus de manipulation du treillis, afin de pouvoir les connaître et les détruire.
- Je comprends cela... mais pas ton inquiétude.
- Ils ont donc été jusqu’à l’utilisation de cette Force pour pouvoir changer « l’autre » et le Monde.
- Pourquoi ?
- Parce qu’ils ont perçu le fondamental manque d’amour de l’homme pour l’Intelligence du Yam... et il fallait pénétrer le Bam avec cette Intelligence pour le transformer.
- Tu veux dire qu’ils ont dû se soumettre à cette Force, à ce moyen, pour communiquer leur Force à ceux qui n’en voulaient pas « par Amour » ?
- C’est cela.
- C’est ce que tu as expliqué à la fille du Holiness.
- Oui... Si l’amour n’est pas assez fort pour entrer et transformer... il faut la pénétration par « l’obligation ».
- Donc tu veux dire que le Yam doit devenir « l’obligé » du Bam qui se nourrit de lui.
- Oui... C’est cela, dis-je.
- Donc le Bam devient le « maître » du Yam.
- Oui... Le Bam exige la Force du Yam car c’est « son » obligation.
- Je comprends cela... Alors tu veux dire qu’il peut s’établir une dépendance entre les deux partenaires.
- Oui... Une dépendance issue de la faiblesse.
- Tu veux dire la faiblesse de l’action de l’amour... Jusqu’où l’amour peut changer un être ?
- Pas seulement... Il y a une faiblesse du corps du Yam... Une lassitude à avoir tant donné... Il est fatigué et il manque de tonus.
- Je comprends cela... Mais jusqu’où va ta préoccupation ?
- Ce Yam fatigué, épuisé... aura encore « du jus » à transmettre par le biais de cette Force et de ces pratiques de souffrance.
- Oui, je comprends cela.
- Alors, s’il veut aller jusqu’au bout... Il ne veut pas accepter d’avoir perdu... Il va utiliser ces pratiques comme seule Force susceptible de changer l’autre.
- Oui, je le comprends... Mais toujours pas ta préoccupation.
- Ce Yam n’est pas seul... Il y a l’autre qui bénéficie de la Force produite.
- Et alors ?
- Il va y avoir comme une auto-excitation mutuelle et la définition d’un enjeu faux.
- Tu peux préciser ?
- Pour le Bam, il y aura une jouissance phénoménale à obtenir ainsi la Force du Yam... donc d’être au cœur même de la « réussite » de la Force de la séparation. Il sera comme dans un état second de drogué qui ne peut plus se passer de sa drogue.
- Oui, je le comprends.
- Alors il ne mettra pas en place les processus de changement puisqu’il a le « must » gratuit.
- Je le comprends.
- Et pour le Yam, comme ce sera son dernier moyen d’action afin de changer le Bam... qui, bien sûr, est rempli de promesses et potentialité... se sera sa destruction.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il ne lui restera pas assez de Force et Puissance pour partir du Bam... en ayant laissé « tout » derrière lui.
- Pourquoi ?
- Parce qu’il sera détruit avec une espérance Bam et par un moyen Bam... avec la satisfaction du Bam de l’avoir maîtrisé jusqu’au bout.
- Tu veux dire que celui-là, en ayant usé de toutes les possibilités de transformation dans le Bam et par le Bam, va rester bloqué dans le devenir karmique du Bam... et de cet Univers.
Le Grand Ange laisse aller les mouvements et il dit:
- Je comprends ta préoccupation... Alors comment faire ?
- Il faut cesser l’aide avant, dis-je en douceur.
- C’est évident!
- Évident, mais pas facile, dis-je toujours très calme.
- Pourquoi ?
- Parce que ce Yam doit accepter de perdre.
- Oui, je le comprends.
- Mais ce n’est pas facile car toute sa vie aura été dans l’action de transformer... Et maintenant il doit cesser ce mouvement!... son corps va souffrir beaucoup car son corps aura pris des habitudes de fonctionnement énergétique...
- Je comprends.
- C’est pour cela que les Yam Majeur provoquent la mort et l’attirent... Pour mourir droit et debout.
Le Grand Ange en prend un drôle de coup dans les côtes.
- C’est cela qui est arrivé avec moi, n’est-ce-pas ?
- Oui, je fais.
- Avec cette Anne de Suisse pour laquelle je suis allé jusqu’à cet état de « don » ?
- Oui, je fais doucement.
- Donc en fait, c’est elle qui a gagné le match ?
- Oui, je fais doucement.
- Donc, à travers elle, c’est le « cœur » même de la Force de séparation qui a gagné ?
- Oui, je fais doucement.
- Mais elle va aller droit au fond de l’enfer!
- Elle y est déjà... Mais elle ne le sait pas... Et l’enfer pour toi, n’est pas l’enfer pour elle.
- Alors tout est à sa place ?
- Tout est à sa place, je fais.
Il revient un peu à la surface. Je lui laisse le temps. Il va repartir tout seul.
- Alors tu tentes de rejouer le coup que j’ai perdu ?
- Oui, je fais doucement.
- Tu utilises la Fille du Rimpoché pour cela ?
- Oui, je fais doucement.
- Et tu vas aller très loin ?
- Oui, je fais doucement.
- Jusqu’où ?
- Jusqu’à ta mort.
Il est pensif. Il termine:
- Celle d’avant, ou celle de maintenant ?
- Les deux, je fais.
Puis le silence s’installe. Je le laisse passer et je le perçois venir à moi.
Dans la Force de « moi après » il y a une aide essentielle qui y est greffée.
Alors je demande au Grand Ange.
- Dis-moi un peu de toi... Je sens la présence d’une Vraie Femme avec toi.
Il rit doucement en portant attention à ne pas bouger le coussin de chaleur et de douceur que j’ai sous la tête.
- Elle s’appelle Heidi, dit-il.
- Elle est dans « Rien » avec toi ?
- Non, elle est en Bam.
- Merde!
Il laisse son petit rire chaud envahir l’espace.
- C’est une jeune montagnarde des Montagnes du Nord de l’Asie...
- Où ?
- C’est le Roshi qui l’a découverte pour me ramener « moi » vivant, au monastère.
- Tu m’en diras tant!... Le vieux ridé pas beau a donc tenté de recommencer avec toi ce qu’il a fait avec moi!
- Tout à fait!
- On aura à en causer ensemble... Mais cette pouliche ?
- Mieux que cela, « mon frère »... Une Vraie Femme.
- C’est ta copine ?
- Une Vraie Femme n’est jamais une copine!... Tu le sais bien.
- Oui.
- C’est une partenaire.
- Oui.
Je laisse encore le temps pour moi.
- Elle est concernée par le travail que nous faisons ensemble maintenant ?
- À plein!
- Comment ?
- Elle porte la Vraie Vie en elle... Et elle me renvoie « tout ».
- Donc, c’est aussi avec sa Force que nous œuvrons ici.
- Oui, c’est aussi avec sa Force.
- Elle le sait.
- Oui... Ainsi elle sait comment guider ses pas.
Je vois la fille du Rimpo qui traverse la cour à grands pas. Elle porte une grande marmite contre son ventre. Cette nourriture est pour les pauvres gens qui vivent dans des cabanes, un peu plus loin.
Elle me fait un grand sourire. Elle est radieuse. Ses yeux disent que « l’opération » a pleinement réussi.
Alors je demande doucement:
- Au fait, où en est la fabrication de la nouvelle nénette pour le Gourou débranché de son pommier ?
- C’est fait, dit-il calmement.
Je sursaute.
- Tu as réussi ?
Il rigole.
- Tu sais bien que « nous » réussissons toujours!
- Alors, c’est pour quand, la naissance ?
- Je crois que demain elle sera avec nous.
Je saute sur les pieds et je danse dans la cour. Les moines sont encore en train de se demander quel nouveau jeu je monte pour le spectacle du Dimanche.
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