36. La porte.

 

 

- Les Dieux ont cessé leur combat, dit le vieux moine.

 

Les autres sourirent, heureux de l’accalmie des éléments du Ciel et de la Terre.

 

Le soleil ne donnait pas encore sa force. On devinait sa présence derrière le voile des nuages épais, comme des balles de laine flottantes.

 

- Mais le soleil est toujours là, dit l’autre vieux… Il continue son existence sur la Terre pour chauffer les hommes. 

- Oui, reprit le premier vieux moine assis sur le banc de bois devant le réfectoire… La Terre revient à la terre et le Ciel lui donnera de nouveau sa Force. 

- Ainsi se continue la vie des hommes sur la Terre, trancha le second.

 

C’était le plus ancien. Tout maintenant était dit. Ils étaient tous soulagés. La Terre et le Ciel se trouvaient de nouveau réunis et c’est l’Homme, entre les deux, qui profitera du fruit de la réunion.

 

- C’est ainsi que la Vie donne la vie, confirma le plus ancien.

 

Les moines commencèrent à remettre le monastère en état. Le travail apparaissait énorme, mais cela convenait à cette période troublée. Ils avaient une préoccupation plus primaire que celle de se soucier de l’absence du jeune Blanc que personne s’expliquait.

 

- Ils ont ainsi une autre nourriture pour leur esprit ! dit le Maître à Hiro.

- Oui, souffla le Maître cuisinier…

- Alors, pousse-les dans cette préoccupation… Mais fais attention à canaliser ta violence naturelle… Ne les pousse pas trop !

 

Hiro le regarda sans comprendre. Au contraire, pour lui, il fallait les pousser, les exhorter à l’action du travail… Il y avait tant à faire !

 

- Si tu les pousses trop ils reviendront dans la mémoire réveillée par le jeune Blanc…

- Mais… 

- Ils feront alors une nouvelle comparaison entre les deux amours, les deux préoccupations, les deux actions… Et leur cœur retournera à ce que fut le Jeune Blanc et ils compareront…Donne-leur donc le mouvement qui leur semble le plus naturel… Celui qui ne leur demande pas un effort… C’est l’acceptation normale de l’homme ordinaire.

- Mais… 

- Non… Laisse le temps se couler lentement pour eux… Qu’ils s’endorment une fois encore dans leur rêve de sécurité et de cheminement progressif pour arriver à la Perfection. 

- Mais… N’est-ce pas le cheminement normal de l’évolution de l’âme ? s’étonna Hiro.

 

Le vieillard sourit tristement à son vieil ami.

 

- Alors tu n’as rien compris au message de Ange. 

- Mais… 

- Alors cela est bien si « eux » non plus, n’ont rien compris… Ainsi ils reviendront plus facilement au mouvement ancien. 

- Mais le mouvement est juste…

- Mais non… Le mouvement n’est jamais juste en soi… C’est seulement une question de la vibration qui donne naissance au mouvement !... Voilà le message de « mon fils » qui est maintenant parti de nouveau, dit le vieux allongé sur sa couche, les couvertures montées sur sa poitrine. 

- Mais pourquoi il est parti ?... Nul n’a vu. Nul ne peut donner une indication sur ce départ… J’ai lancé la question dans les villages et le plateau… La réponse est « je ne sais pas »… Toujours et partout ! 

- Lorsque l’on n’aime pas l’Amour, l’amour s’en va… dit le Maître doucement… Voilà ta réponse.

 

Les mots ont passé ses lèvres minces. Il sembla à Hiro que les derniers sons tremblaient.

 

- J’ai froid, dit le vieillard.

 

Hiro remonta les couvertures jusqu’à son menton.

 

- Je vous en mets une de plus, dit-il 

- Cela ne changera rien, dit le vieillard.

 

Puis il ajouta, si lentement et si faible que le moine dut placer son oreille contre ses lèvres :

 

- Lorsque l’Indispensabilité n’est plus là, le corps créé par Lui est détruit.

 

Hiro hocha la tête, le mouvement maintenant habituel pour témoigner de son incompréhension. Le vieillard lui répéta une fois encore.

 

- Va dans la Salle Secrète… Retrouve ce Livre de mon fils et « l’Enfant »… Cherche partout… Vérifie que le vent ne l’a pas pris avec lui et qu’il ne se trouve pas déchiré sur les rocs… Va voir la rivière… Va !... Ne perds pas le temps avec moi… Ce livre est le plus important !

 

Heidi cherchait Tong affairé aux travaux de réparations avec les autres moines. Elle le trouva à œuvrer pour réparer le toit du temple.

 

- Tu as mieux à faire que cela, lui lance-t-elle en bas de l’échelle sur laquelle il se maintenait en équilibre par les deux jambes.

- Quoi donc ? demande-t-il.

 

Elle lui montra le livre qu’elle tenait serré dans sa ceinture.

 

- Lire cela, dit-elle.

- Mais… 

- Il n’y a rien de plus important que la Vie qui coule, susurre-t-elle, comme une adulte qui reprend un enfant qui s’est égaré.

- Mais, j’ai à faire avec eux ! lance le long moine. 

- Ils peuvent rester sans toi… Pour cela tu n’es pas indispensable… 

- Mais… 

- Non !... Tu viens avec moi et tu me lis… L’urgence est là !... Pas sur les toits… 

- Mais cela peut attendre ce soir, plaida Tong.

- Tu ne comprends donc pas que c’est un jeu de la vie et de la mort !... Il y a urgence répéta-t-elle.

- Mais quelle urgence ?... J’ai un travail urgent devant moi, ici, si je veux que l’eau ne coule plus sur la tête du Bouddha. 

- Le Bouddha ne t’en fera pas une histoire… depuis le temps que l’homme lui pisse dessus en disant qu’il l’aime.

 

Les moines autour, sur le toit, les écoutaient, interdits. Les derniers propos de la jeune femme ouvrirent leurs oreilles car il leur semblait entendre le rythme des sons du jeune Blanc.

 

- Alors ! dit-elle avec impatience… Viens-tu faire ton réel travail ou vas-tu continuer à perdre ton temps dans des actions qui peuvent être faites par les autres ? 

- Mais quel est mon réel travail, enfin ?! 

- Dire les mots de la Vie Vraie pour Le faire revenir !... Voilà ton Vrai travail !... As-tu oublié que tu es moine ?

- Je ne te comprends plus, dit-il en colère. 

- Alors descends de ton pommier et cesse de poser des questions imbéciles…

 

Il la regarda interdit, comme les autres moines autour. 

Alors elle se campa au pied de l’échelle et la secoua. Tong s’accrocha au toit pour ne pas tomber.

 

- Tu te souviens de ce que disait Ange ?... Lorsque les prunes ne tombent pas toutes seules, on secoue l’arbre !

 

Elle donna des coups de pieds sur les montants. Les autres moines rirent. Ils aimaient ces jeux entre femme et homme.

 

- Attendez que je secoue l’arbre sur lequel vous êtes accrochés !... au lieu de rire comme des benêts !... Ce n’est pas parce que ce long moine est un ignorant des Forces de la Vie que vous devez vous moquer de lui.

 

Ils n’ouvrirent plus la bouche.

 

- Alors, tu viens imbécile qui a oublié ton rôle de moine… Faire revenir la Vraie Vie parmi les Hommes sur la Terre… Hé ! Tu t’en souviens ?

 

Le long moine descendit de l’échelle. Il ne montrait pas son enthousiasme à obéir. Sa lenteur exaspéra la jeune femme. Elle le tira par la manche.

 

- Fais plus vite !... Tu ne sens pas l’urgence de la Vie qui avance ! 

- Je ne te comprends plus… 

- Mais, tu ne perçois pas le combat qu’il y a MAINTENANT entre la Terre et le Ciel ?.... C’est maintenant qu’il faut agir et Le rappeler ! 

- Mais « qui » ?

 

Elle ouvrit les yeux comme un oiseau blessé avant de donner son dernier souffle.

 

- Mais… « Ange » !

 

Il stoppa sa marche, bousculé par ces mots.

 

- Viens !… Ne perds plus de temps !... Il faut « agir » !

 

Elle le tira sur la véranda du pavillon du jeune Blanc et lui mit le livre entre les mains.

 

- Dis les mots qui sont dedans !... Je ne te demande pas autre chose que de dire ces mots !... Est-ce trop pour toi ?... M’aimes-tu assez pour dire ces mots lorsque je te le demande !... Ou es-tu comme tous le autres qui fuient la prière de celle qu’ils disent aimer ?

- Une prière ? 

- Oui, je te fais la « prière » de dire ces mots et de les lancer dans le vent… Je saurai comment les maîtriser et Lui redonner vie.

 

Son doigt impératif était sur les premiers mots. Elle mit la page devant ses yeux. Il ne savait plus que faire, débordé par cette fureur dans le cœur de la jeune femme qui s’exprimait par les yeux flamboyants.

 

- Si tu ne dis pas ces mots MAINTENANT, plus jamais de mon existence je ne dirai un mot nouveau pour toi !... dit-elle en articulant chaque syllabe comme on le ferait pour une sentence d’un Jugement définitif.

 

Il fut culbuté par cette volonté farouche et il commença à articuler les sons entre eux.

 

Les yeux mi-clos, devant lui, Heidi avalait chaque son et les laissait circuler librement en son corps.

 

IL lui a enseigné l’Art d’écouter.

 

 

 

La Voix du peuple

 

 

C’était le matin. Ange avait fait méditation une bonne partie de la nuit et se sentait reposé. La nuit fut fraîche et humide mais ce matin promettait une belle journée ensoleillée.

 

Il était descendu sans bruit avant que le petit jour pointe dans encore l’obscurité et il s’était promené le long de la rivière silencieuse. Il écoutait parfois son remous dans un trou ou bloquée par un tronc d’arbre que les orages avaient amené là et dont les hommes ne se souciaient pas.

 

La terre était glissante et il devait porter attention à ses pas et cela lui plaisait après ces jours en ville.

 

Tout à l’heure, il faudra qu’il reprenne le collier mais maintenant il pouvait encore profiter de ces moments qu’il trouvait bénis et si rares de véritable tranquillité qui n’étaient pas une fuite.

 

Lorsque le soleil pointa au-dessus des arbres et que naissait avec lui une petite brise qui faisait tomber sur lui les gouttelettes de rosée sur les feuilles, il reprit le chemin de l’auberge, sans tristesse.

 

- Comment ça ?... Vous étiez dehors ! 

 

- TÉ !... ça ! Je vais le dire à mon sacré Albert qui ne peut pas se lever le matin ! Tiens, une bonne leçon que ce sera... 

- Vous avez vu les nouvelles, dit l’homme accoudé au bar avec un café et un verre de marc.

 

Bret l’avait vu hier. Il était là autant le midi que le soir et il prenait ses repas à l’auberge. Il a cru comprendre qu’il était retraité de la S.N.C.F et qu’il habitait une petit bungalow un peu plus loin en aval.

 

- On peut dire que les parlotes du Président, elles ont fait de l’effet. Les voilà tout chose, ces messieurs de la “Haute Administration, il parait.

- Tiens, selon les journalistes, il parait qu’il y en a plus d’un qui se demandent s’ils ne sont pas visés par ces déclarations. 

- Déjà un bon débarras !... Exit le Directeur de la Police !... Au chômage le mec. 

- Vous parlez, Madame Germaine !... Après que le Commissaire du quartier ait avoué que c’était lui qui avait ordonné un “classement sans suite” !

- Bien fait !... Pas normal qu'il y ait que les petits qui trinquent dans les coups de torchon. 

- Faut dire qu’il s’est fait tirer l’oreille pour le révéler, ce Commissaire, tout de même ! 

- Pardi !... Ils l’ont eu à l’usure, ils disent les journalistes... Il voulait rien dire mais c’est la Conférence du vieux Croûton qui l’a fait basculer.

- Tiens, normal ! Lorsqu’il a su qu’il y allait avoir “des sanctions exemplaires“, il s’est dit qu’il voulait pas que ce soit pour son cul ! 

- Mais y a pas à dire !... C’est ce BRET qui me choque le plus ! 

- Ça, c’est bien vrai Madame Germaine... Un drôle de particulier !

- Vous avez vu les journalistes... Ils disent que c’est un tueur !

- Pas tout à fait Madame Germaine... Ils parlent que c’est un Haut Dignitaire comme qui dirait d’une Secte qui aide les Rois... Quoi ! Maintenant on dirait les dirigeants de pays, à tenir l’Ordre de...

- Vous m’enlèverez pas de la tête que c’est un genre de tueur, ce mec ! Mon Albert est bien d’accord avec moi ! On en a encore parlé au lit hier au soir tellement on trouve tout ça pas clair... D’ailleurs, BRET !... Est-ce que c’est un nom, ça ? dites Monsieur... Vous qui restez si calme alors que nous, on est déjà en train de s’échauffer de si bon matin. 

- Je pourrais petit déjeuner, s’il vous plait Madame ?... 

- Vous !, vous n’avez pas l’air de vous intéresser à tous ces trucs. 

- Pas trop... Il est plus joli de regarder l’eau de la rivière couler. Du moins, je crois. 

- Bon... Allons, on ne va pas vous embêter avec ça, mais pour nous, je peux vous dire que c’est important que ce môme Cola il trouve son assassin. Un gars courageux, ils disent même dans les journaux... Ils disent même qu’IL était OBLIGÉ d’enquêter car PERSONNE ne le faisait et que c’est pour ça qu’on l'a tué. 

- Oui. Monsieur... Un sacré môme !... Moi, je vous dis ! J’aurais bien aimé en avoir un comme ça. 

- Pardi ! Pas que vous... Moi aussi... au lieu de fainéant qui se la coule douce à la RATP...

 

Il était parti sur les neuf heures, sans bousculade. L’aubergiste avait appelé un taxi et ils allaient vite pour rentrer sur Paris car il n’y avait plus beaucoup de circulation à ce moment.

 

- Dites !... Vous avez vu... Cette affaire Cola ?... Un sacré gosse !... Du courage comme ça, moi je vous le dis, ça ne se trouve plus ! Et ILS l’ont tué... Je ne vous ennuie pas Monsieur ? 

- Non. 

- NOUS, on ne parle que de ça... Que ce soit au bistrot... Partout, je vous dis !... C’est bien simple, on saute sur le FIGARO le matin et toute la journée, on ne manque pas une seule info sur la radio.

 

 

 

Le ballet de la Vérité

 

 

- Tenez, nous arrivons.

 

Bret chercha la première bouche de métro et il dut contourner une bonne partie de la place. Il rejoignit une station lui permettant d’utiliser le RER.

 

- Je vous attendais hier, mon garçon... Des problèmes ? demanda Madame Broussard.

- Non... Vous avez mon renseignement ? 

- Tenez... Pas facile. Dans ce milieu, c’est « bouche cousue », c’est le cas de le dire !

 

Bret lisait la feuille blanche noircie par trois lignes écrites en gros caractères.

 

 « Les AILES BRISÉES ». Maison de redressement. Savigny sur Oise. Demande d’admission M. et Mme Cola. Bénéficiaire : Stéphane Cola, enfant des pré-cités, douze ans. Motif : Laissé à l’appréciation du juge des enfants. Juge : Madame Zuton. Tribunal de Versailles.

 

- Une relation entre Zuton et Cola ? 

- Une seule : même parti politique... cellule de direction. 

- Rien en judiciaire proprement dit contre Stéph ?

- Non, rien... Une mise à l’écart tout ce qu’il y a d’arbitraire. C’est ainsi que vous allez demander à vos copains journalistes de présenter les choses, n’est-ce pas ? 

- Ce n’est pas la vérité ? 

- Si... 

- Mais ? 

- Je trouve que vous vous écartez peut-être de votre mission. 

- Qu’en savez-vous ? 

- Yoko a écrit en ce sens au Roshi... Passage sur télex. Vous savez qu’ici j’ai un terminal connecté sur tous les réseaux de la Famille en France... 

- Et que chacun ignore qu’il n’est pas en rapport direct avec  «  Petit Père »... Je sais. 

- Bien... Un certain Marc Antoine lui aurait relaté une curieuse attitude de votre part, avant hier soir... Une véritable tuerie dans une impasse, autour d’un bar d’un certain Tonio...

- Tiens !... Et alors ?

- Alors… Elle relate et demande des explications car elle trouve votre attitude curieuse... 

- Tiens... C’est tout ? 

- Non... Il faut savoir lire entre les lignes... Elle s’interroge sur votre équilibration mentale... 

- Et vous ? 

- Je ne vous comprends pas ce que vous faites... Tout ce cirque autour de ce gosse...

- Ah ! 

- Oui, votre mission est bien de découvrir l’assassin ou les responsables. Pas de monter ce cirque... 

- Ah ! 

- C’est étonnant... On dirait que vous musardez... Pas votre réputation, mon garçon. 

- Et que demande-t-elle d’autre, cette belle Yoko ? 

- Il faut lire entre les lignes, je vous l’ai dit... C’est curieux, j’ai le sentiment qu’elle cherche une vengeance. 

- Ah ! 

- J’ai beaucoup réfléchi cette nuit... 

- Ah ! 

- C’est vous qui avez tué son père, il y a six mois... Oh ! Par personne interposée puisque c’est ma propre équipe qui l’a plombé... Mais c’était le fruit de votre manipulation... Votre volonté ! 

- Ah ! 

- Qui dit qu’elle s’en est sortie après que vous l’ayez empêché de se faire Hara Kiri... Il lui reste juste une petite cicatrice sur le ventre. 

- Ah ! 

- Je vous ennuie... Vous savez, à rester seule toute la journée, on ne cesse de se poser des questions.  

- Ah bon ! 

- Vous êtes un curieux homme, mon garçon…

- Tiens !

- Bon... Le Roshi a accusé réception du message. Il n’a pas encore répondu... Vous souhaitez que je vous tienne au courant ? 

- Non. 

- Je ne comprends pas. 

- Moi, si ! , et c’est le principal.

- Bon... Votre autre demande n’est pas encore prête... J’ose espérer que vous savez ce que vous faites... C’est pire que de la dynamite, ce truc. 

- Vous avez peur ? 

- Moi !... À mon âge !... Mais je dois dire, mon garçon que je crois que je vais demander le “feu vert” au Roshi...

- Ah ! 

- Vous comprenez,... le télex de Yoko... 

- Tiens ! 

- Je vous déçois ?... Je ne sais que... 

- Tiens ! 

- Vous comprenez... dans ses arguments... On peut s’interroger et je dois avouer que certaines de vos attitudes sont pour le moins interrogatives... Comme “ce truc” que vous me demandez de monter ! 

- Ah ! 

- Je ne savais pas pour la bagarre de l’avant nuit... Sept morts !

- Tiens, je n’avais pas compté. 

- Aucun survivant pour parler !... Vous n’avez rien laissé ! La Police s’interroge. 

- Beaucoup ? 

- Oui. 

- C’est très bien. 

- Vous trouvez ?

- Je peux téléphoner ?... Non, bye-bye Madame BROUSSARD... À un de ces jours... Ne prenez pas froid. Que voulez-vous, avec tous les courants d’air que vous avez dans le cerveau !...

- Je... Non, rien!  

- N’oubliez pas un petit détail, Madame Broussard...

- Oui... ?

- La confiance ne se rachète pas.

 

Il est parti du salon, laissant la vieille dame assise droite dans son fauteuil. Elle ne fit pas un geste pour le retenir. Pourtant elle avait la profonde certitude que ce dos, c’était de l’amitié qui partait mais tout geste de retenue lui était impossible. Elle se trouvait bloquée et elle ne put que libérer des larmes lorsque la porte se ferma alors qu’elle aurait voulu crier pour lui dire qu’elle ne pensait pas un mot de ce qu’elle avait dit mais que c’était plus fort qu’elle, qu’elle avait envie de faire du mal !

 

Parce qu’il avait en lui une telle certitude ! Mon Dieu ! Pourquoi être ainsi destructeur de joie.

 

Bret rentra sur Paris. Il se retrouvait comme d’habitude, seul. Cela ne le gênait pas; ce qui l’embêtait, c’était d’entendre la demande d’aide alors qu’on n’en veut pas, en définitive. La peine et la charge qui l’accompagnent, sont le résultat de ce mensonge auquel on se laisse prendre. Cela fait maintenant tellement longtemps qu’il écoute les gens demander, que bien peu veulent véritablement cesser d’être une personne de deuxième main, ne le dérange plus. Plus maintenant.

 

Il sortit des souterrains à Beaubourg. Le reste du chemin se fit à pied, tranquillement et il s’attarda sur les quais.

 

Près du pont, il entra dans la cabine téléphonique.

 

- Chity... Voila les infos. En vrac je vous les donne. À faire saillir dans votre feuille de chou dans les jours prochains... 

- J’ouvre grandes les miennes, Monsieur le Prince. Dites ! c’est du TONNERRE !... Je continue à taper sur les flics ? 

- Oui, mais selon une ligne directrice que vous allez maintenant suivre pour chacun de vos articles. 

- J’ai ouvert en grand Monsieur le Duc... 

- Vous continuez sur le principe que le gosse ENQUÊTAIT et que toutes ses démarches sont dans ce sens. PRIMO. 

DEUXIO, qu’il existe une LOI du SILENCE autour de lui... Un genre de celle de la Mafia, vous voyez le truc ? 

- Oui... mais étayée sur quoi ?

- D’abord que la Police classe l’affaire sans suite... 

- C’est le bordel actuel... 

- Ensuite que le curé de la paroisse, un certain Dujardin a reçu les confidences du môme mais qu’il ne veut pas les donner au motif du secret de la confession... 

- Merde alors !... Bon, je vous demande pas si vous êtes certain… Après ce qu’a dit le croûton à I’Élysée sur vous, j’ai pas envie de mettre vos paroles en doutes... D’ailleurs, je dois reconnaitre que jusqu’à maintenant... 

- Cessez vos conneries, Chity... Foutez-le bordel côté Évêché... Mettez dans le coup des docteurs en Théologie pour savoir si ce secret de confession fonctionne lorsque c’est la VICTIME qui donne l’info au curé. Vous voyez ? 

- Très bien... Je fais mousser la mayonnaise un max. 

- J’aime les gens intelligents comme vous. 

- Venant de vous je prends ça comme un compliment, Monsieur le Prince... Mais dites ?... Pas de problo côté cureton.

- Aucun... Vous allez voir comment chacun va y aller de la fermeture du bec tout en reconnaissant que VOUS avez bien raison de vous alarmer… Mettez le truc sur le plan de la théorie DE LA VÉRITÉ SELON “LE SEIGNEUR... Accent sur LA LOI DU SILENCE ! Compris ? 

- Ok, Monsieur l’Archi-Duc... 

- TERTIO, toujours dans la rubrique de cette LOI DU SILENCE... Les parents allaient foutre leur gosse en Maison de Redressement pour L’EMPÊCHER de PARLER. 

- Merde... C’est trop gros, ça ne marchera pas ! 

- “LES AILES BRISÉES”; Savigny sur Oise. Juge: Madame Zuton, Tribunal de Versailles. 

- !!!!!!!!! ... 

- Dites, vous êtes encore là, Chity ? 

- Oui... je suis là... Facile à vérifier, n’est-ce pas ? Merde... Vous m’en bouchez un coin... Moi, je vais vous dire ce que je pensais jusqu'à maintenant : que vous étiez un fouteur de merde à la solde du connard qui trône à l’Élysée... Voilà ce que je pensais !... Merde !... Maintenant !... Pas du bidon, votre truc ? hein !, ce serait trop grave. 

- Tout aussi exact que les testicules en état de marche que vous avez entre les cuisses. 

- Ça va, Monsieur BRET... Pas envie de rire... Je mets tout ça en vrac ? 

- Non. Je vais être assez occupé ces temps prochains et je vais cesser de vous tenir par la main. 

- Allez... Vous moquez pas; vous m’avez enlevé la chique... Les Parents ! Pauvre gosse, il n’avait aucune chance ! Le truc sur lequel il était, ça doit être de la dynamite... 

- Il n’y “était plus dessus ; il avait réussi.

- Quoi... Alors ON l’a tué, n’est-ce pas ? 

- Oui. 

- Merde.

- Le final... Pour l’instant. Vous avez entendu parler de l’attaque d’un bar à côté de l’Avenue de Clichy ? 

- Oui... Une petite castagne il y a deux jours avec descente de poulets... Puis avant hier, une véritable tuerie... Qu’est-ce que cela vient faire ici ? 

- Simple. C’est EUX qui ont filé le SIDA au gosse par sodomisation pour l’empêcher de parler... Puis maintenant, ON se débarrasse de cette bande qui en sait trop sur ce que le STÉPHANE a découvert.

- Preuves ?

- Une des succursales de ZAIMI... Son “délégué” sur place : TARIN, Paul. 

- Merde !... EUX... Et qui se font cingler maintenant ! 

- Donc il y a encore plus HAUT. Vous comprenez ?... ce qui rejoint la LOI du SILENCE... OK ? 

- Ok !... Vous fermez la boucle, si je comprends bien. 

- Tout à fait. 

- Hé bien... J’ai du pain sur la planche... Sur plusieurs jours l’ensemble, bien entendu. Impossible de bourrer le Public de tous ces trucs en une seule fois.

- Correct. J’ai d’ailleurs besoin de deux jours libres pour cette bande. N’en parlez pas avant... Mieux d’ailleurs : que les flics pataugent un max et VOUS serez encore plus percutant pour amener la relation avec Stéphane Cola. 

- En insistant une fois encore sur ce fait “très curieux” que la Police n’est pas fait la relation alors que NOUS, simples journalistes... 

- Tout à fait.

 

 

La solitude

 

 

Il traversa le pont à pied pour prendre le métro de l’autre côté. Si les équipes de “Petit Père ont bien fait leur travail, il devrait trouver chez un garde meuble près de la gare Montparnasse, deux petites valises métalliques.

 

L’une contiendra des effets de rechange, l’autre le matériel de grimage et des armes. On prévoyait toujours la possibilité de rompre les ponts avec les équipes officielles. C’est une brigade spéciale d’itinérants qui s’occupe de cette intendance-là. Il trouvera aussi d’autres papiers d’identité et de nouvelles cartes bancaires.

 

- Taxi !

 

Il lui donna l’adresse de l’auberge qu’il avait quittée ce matin avec promesse de revenir vite en un lieu si charmant. Promesse vague qu’il ne croyait pas tenir.

 

- Tiens !... Le monsieur qui revient !... C’est bien vrai qu’on dit que lorsque l’on aime on ne peut pas attendre ! 

- Vous avez bien raison, chère Madame... Pourriez-vous monter mes valises ? je suis pressé et j’ai gardé le taxi... Je serrai là pour le dîner ce soir vers dix-neuf heures... Cela ira ? 

- Allons, nous allons vous fricoter un petit ragout de poisson qui vous remplumera !... 

- À ce soir...

 

Il alla jusqu’aux Champs-Élysées. Là, il quitta le taxi et entra chez HERTZ. Une demie-heure plus tard, il descendait l’avenue au volant d’une puissante BMW. Il se sentait bien et souriait sans contraction des mâchoires. Le destin lui donnait une fois encore un coup de pouce vers la solitude et il aimait.

 

- Pas trop tard pour le déjeuner ? 

- Vous alors... Vous êtes rapide. Pas plutôt parti, déjà revenu... Non... Albert ! Tes fourneaux ne sont pas encore éteints ?...

 

L’aubergiste cria de la cuisine. Bret ne comprit pas.

 

- C’est bon !... La même table qu’hier ?... Sur la terrasse, c’est un vrai paradis aujourd’hui. 

- Merci. 

- Du poisson frais grillé... puisque vous ne mangez pas de viande... J’ai aussi des légumes d’hier si vous avez aimé... De l’eau ? 

- Tout cela est parfait, Madame.

 

Il se changea après le déjeuner et il partit courir la campagne, ne s’éloignant jamais de l’eau qu’il aimait tant.

 

Le soir il avala de bon appétit le ragoût de poisson sous le regard attendri de l’aubergiste et sa femme.

 

- C’est bon, hein !... Une spécialité de la maison. La recette vient d'encore plus loin que ma grand mère. 

- Faut dire aussi, cher Monsieur, qu’elle fut améliorée par un rajout de ma propre mère !... 

- Tu ramènes toujours ta mère à chaque coin de rue, Germaine!... Laisse donc cette brave femme où elle est, au cimetière! 

- Dis, Albert !... Tu pourrais peut-être me dire pourquoi tu montes dans ton pommier à chaque fois que t’entends parler de “mère” ?... Vous voyez, Monsieur, c’est pas pour vous prendre à témoin, mais c’est y normal qu'un ancien comme lui qu’est pas loin de ses soixante carras, il soit encore tout chose avec ces trucs-là ? 

- Je crois que le temps psychologique n’existe pas.

- Ah ! Je vois que le Monsieur il a de l’instruction… J’oserais lui demander des explications, si c’est pas pour l’ennuyer... Un peu de fromage. Il nous vient d’un cousin dans le Morvan... 

- Tout simplement que le temps n’a aucune action sur les impacts profonds de la conscience. 

- Oui, tu vois Albert !... C’est simple !... Et je te demande pardon... J’t’ai toujours dit que c’est pas parce que ta mère t’a fait chier plus qu’il n’aurait fallu que tu devais mordre la mienne qui était une femme gentille comme on n’en fait plus !... 

- Hé bien, Germaine... Tu me demandes pardon pourquoi ? Pour m’avoir fait répéter ce truc toute la vie ! 

- Mais non, mon Albert... Tu n’as pas compris le Monsieur !... Il dit que t’es foutu à vie.

- Tu débloques, des fois ? Le monsieur, il n’a pas voulu dire ça... N’est-ce pas, monsieur ? 

- Je voulais seulement dire qu’il est très difficile de sortir ses émotions profondes et que le temps qui coule n’aide en rien.

- Tu vois, Albert ! 

- C’est pas la même chose ! 

- Bon... Pas la peine… Redescends donc de ton pommier, Mon ALBERT... Tu vas pas ennuyer le Monsieur. 

- C’est toi qui tournes autour de drôles d’histoires qu’il vaut mieux oublier. 

- Je voulais vous dire que j’ai affaire à Paris tout à l’heure et que je rentrerai sûrement très tard… Le fromage est un délice. 

- Tiens... J’étais certain que vous aimeriez. On voit tout de suite que vous appréciez les choses naturelles.

Pas de problème... D’ailleurs, la porte n’est jamais fermée... Vous pensez avec toutes les porte-fenêtres sans volet !... Si un voleur veut, il peut ! Alors, inutile de faire de la casse. 

- Il n’empêche que l’assurance m’a encore fait la remarque l’autre jour ! 

- Laisse l’assurance où elle est... Plus une vie avec une pétoche permanente...

- Parle pour toi, Albert !... Moi, je ne suis pas tranquille quand tu n’es pas là... Une femme seule, hein Monsieur !

 

L’aubergiste à un demi pas derrière le large dos de sa femme fit un clin d’œil à Bret avec un petit signe rigolard vers sa femme aussi large que haute, maintenant ses bourrelets graisseux sous une robe de toile tombant comme un sac sur ses chaussons.

 

- On se fait parfois des craintes injustifiées, sourit-il à la femme. L’homme accentua son mouvement de tête, le sourire sur les lèvres. Il ressemblait à une grosse barrique. 

 

- Ne m’attendez donc pas... ça risque d’être vraiment très tard... Une soirée que je n’ai pas pu refuser... Vous savez, le Monde des Affaires ! 

- On connait bien mon brave Monsieur !, n’est-ce pas Albert ?

- Tout à fait Germaine.

 

 

“Maintenant que tu roules vers Paris dans la tranquillité de cette voiture de luxe, je te signale et j’en profite pour attirer ton attention sur tes manières honteuses de dépenser l’argent de notre Noble Famille d’Assassins ! Il en faudrait deux comme toi à la suite comme Maître et nous serions ruinés... Mais ce n’était pas cela que je voulais te dire. Je veux seulement profiter de ton humeur calme et détendue, ce qui est plutôt rare chez toi, qu’il faut le signaler d’une pierre blanche... Car tu sais !... Sans vouloir en aucune façon diminuer tes mérites qui sont grands, je dois dire que tu m’as habitué à plus de bordel que de la discrétion sereine et noble. Tes frasques au monastère ne se comptent plus et je suis outré d'entendre au cours de la méditation du matin, mais surtout du soir, les nonnes soupirer !... En revanche, elles ont meilleures mines !

 

Mais mon fils, ce n’est pas encore cela que je voulais te dire !... Vois-tu, tu es un être si... Vois donc comment tu fais perdre le fil de la pensée saine aux meilleurs ! Dis ! tu crois peut-être que tes lecteurs peuvent suivre dans ton charabia ?... Ah ! heureusement que je suis là !

 

Mais ce n’était pas cela que je voulais dire aussi... Tu m’écoutes ? C’est au sujet du mot de Yoko. Que puis-je lui dire ?

 

Tu vois, mon fils, les choses sont parfois mystérieuses pour certains et il faut les laisser ainsi. Je t’ai souvent dit que l’on ne peut pas prendre à quelqu’un ce qu’il ne veut pas donner… Te souviens-tu lorsque nous parlions de cela assis sur la grosse pierre qui gardait encore la nuit sa chaleur du jour et qui nous chauffait les fesses alors que nos corps étaient engourdis par le froid...?

 

Je sais que tu te souviens de ces moments bénis où deux âmes peuvent se parler sans mots, ou si peu... Tu te rappelles donc aussi la suite, ce qui fait le pendant pour l’équilibration de l’Énergie Cosmique... On ne peut pas donner à quelqu’un ce qu’il ne veut pas prendre. C’est là où tu avais problème. Toi qui donnes si facilement ! J’espère que je suis arrivé à te guérir de ce défaut !

 

Alors, vois-tu, que puis-je dire à Yoko et aussi à cette chère et vieille amie Madame Broussard que je sens curieuse de ma réponse ? car il me faut répondre, mon fils. C’est le destin et la charge du Maître, une lourde charge, tu la connaîtras plus tard lorsque tu auras pris ma place.

 

Cette réponse ne te sera pas favorable, mon fils, car elle ne peut pas l’être. Tu sauras plus tard ! Le rôle du Maître n’est pas rien.

 

Pourtant tu as raison, mais NOUS ne pouvons pas faire comprendre à ce qui ne peut pas... Tu comprends ?

 

Comment puis-je leur expliquer le problème de « l’alignement »... Eux, l’extérieur et l’intérieur, ils ne connaissent pas en dehors des mots creux.

 

Elles n’ont vu en toi que « du dérèglement psychologique » !!!... NOUS ne pouvons rien faire mon fils et je te remercierai très grandement de revenir vivant au monastère, auprès de moi. Aussi, vis seul et méfies-toi de tous ! Utilise tout ce dont tu as besoin et ne te soucies de rien. Va, mon fils, toujours de l’avant. La peur est pour les Hommes Vils.

 

Ne te porte pas garant de la vie et de la compréhension de Yoko et même de madame Broussard !… ma très chère amie... Ne prends pas en charge leur destin. Utilise-les. Tues-les s’il le faut...

 

Mais reste grand devant la VÉRITE. Je pense que tu vas chez José... Plus tard voir Tonio et peut-être encore ce Paul Tarin... C’est, je crois ce que j’aurais fait à ta place. À tout à l’heure, mon fils.

 

Celui qui t’as servi de Grand-Père et qui t’adore.

 

 

 

************************

 

 

 

- Il a raison… La Confiance ne se rachète pas ! dit Heidi.

- Mais, dit Tong… L’important est que… 

- Non… L’important est la Confiance ! répète Heidi. 

- Mais… C’était l’ancien « futur » Maître de la Famille !... 

- Cela n’est pas important, continua Heidi… Seule la Confiance est la Porte. 

- Mais il fut tué ! 

- Personne ne mourut… La mort n’existe pas… Tu devrais le savoir Tong ! 

- Alors je ne comprends plus rien à ce qui se passe dans ta tête. 

- Cela n’a pas d’importance… Car seule la Confiance est la Porte… et je Lui fais confiance, à ce Ange Bret… dit-elle les yeux dans le cillement du soleil qui était revenu. 

 

Tong roula les yeux et montra son incompréhension. 

 

- Je suis la Trace qu’Il me montre… et je vais aller jusqu’à Lui… 

- Mais comment est-ce possible ? demanda Tong… Il est mort !... et le jeune Blanc a disparu ! 

- Il aimait cet enfant, ce Stéphane… dit-elle.

- Je… 

- Alors je n’ai qu’à aimer moi aussi cet enfant et je Le retrouverai… C’est cela la Trace qu’il a laissée.

- Mais… 

- Il n’y a pas de distance entre cet « Ange Bret » et « mon Ange »… Ne le sens-tu pas Tong ?

  

Le long moine ferma les yeux. Il sut qu’elle avait raison. Il ne regardait que les apparences.

 

Alors, il fit le « point zéro » et il glissa de nouveau dans la Dimension que le jeune Blanc avait fait vibrer en lui tous ces jours.

 

- La mort n’existe pas, tu as raison…

 

Mais au-delà des mots, il comprit en son cœur ce que le jeune Blanc lui disait de Heidi.

 

« Elle sera ton point d’appui pour survivre car elle te remplira de sa certitude… ».

 

 

 

 

 

*******************